Retour à “Gouverner Montpellier au XVIIIe siècle”

Micro-aménagements dans Montpellier

L’embellissement des villes a longtemps été vu à travers les alignements de rues et les constructions monumentales. Or, derrière l’architecture grandiose et spectaculaire, le gouvernement des villes s’exerce au siècle des Lumières par des micro-aménagements qui redéfinissent l’espace du quotidien. Ils doivent permettre d’améliorer l’espace urbain en le rendant plus commode, plus sûr et plus sain.

La construction d’une nouvelle Halle s’inscrit ainsi dans un projet plus vaste d’alignement et d’ordonnancement de la ville. Certaines rues, comme celle de la Barralerie, sont aménagées pour aligner les façades des maisons.

Plan d'alignement de la rue de la Barralerie
Plan d’alignement de la rue de la Barralerie
s.d. [1757]
Archives de Montpellier, II 477

Les lieux d’infection sont éloignés des villes. C’est le cas dans la politique dite « d’expulsion des cimetières », qui consiste à éloigner les espaces de sépulture pour éviter les contaminations par les corps enterrés. L’éloignement des cimetières hors les murs est envisagé à Paris dès la première moitié du XVIIIe siècle. Mais il n’intervient qu’à la suite d’une déclaration royale du 10 mars 1776 (elle interdit les inhumations dans les villes), qui n’est réellement appliquée à Paris qu’en 1780-1784. À Montpellier, ce n’est qu’en 1788-1789 que cette politique est partiellement exécutée, quand la ville tente d’acheter un terrain pour bâtir un cimetière pour les protestants. L’opération échoue car la ville ne parvient pas à acquitter le prix des terrains retenus, y compris quand il s’agit de terrains ayant auparavant appartenu à la ville (qui servaient pour les glacières).

Plan du faubourg de Lattes
Plan du faubourg de Lattes
s.d. [XVIIIe s.]
Archives de Montpellier, II 32

Le problème essentiel et permanent réside en effet dans la faiblesse des moyens financiers des villes. La communauté de Montpellier ne peut donc opérer que par à-coups.

À ce problème s’ajoutent les conflits de juridiction et de compétences, qui opposent parfois les Trésoriers de France, officiers du roi compétents en matière de voirie, à la Ville. Mais de manière générale, les élites urbaines s’accordent sur la nécessité d’améliorer l’espace urbain, ce qui peut intervenir ponctuellement par des alignements ou des aménagements lorsqu’un incendie survient, comme en juin 1770, rue de l’Aiguillerie, qui détermine les autorités à aménager et aligner cette rue.

Plan d'alignement de la rue de l'Aiguillerie par Nougaret, 1770
Plan d’alignement de la rue de l’Aiguillerie par Nougaret, 1770
Archives de Montpellier, II 479

Les micro-aménagements sont les plus nombreux en matière de propreté, pour maîtriser les eaux dans la ville et pour éclairer les rues et les places.

Micro-aménagements dans Montpellier