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Paysage & état d’âme

Afin de compléter l’outil existant intitulé "Les émotions à l’œuvre", le musée Fabre, grâce au soutien de FRAME1, propose un dispositif complémentaire intitulé « Paysage & État d’âme » L’objectif est d’enrichir d’une facette résolument poétique le dispositif global sur les émotions en proposant aux élèves de choisir un des paysages des collections du musée afin d’y projeter ou d’y reconnaître une émotion. Ainsi s’ouvre une promenade au musée au fil des marines secouées par de terribles tempêtes en passant par de calmes coins de verdure bucoliques... Les paysages peints deviennent ainsi « miroir des émotions » de l’artiste ou du spectateur...

Les 6 œuvres sélectionnées pour ce dispositif sont :

• Willem VAN DIEST, Marine par temps calme,1646.
• Nicolas POUSSIN, Vénus et Adonis. Paysage de Grottaferrata, vers 1626.
• Louis GAUFFIER, Vue sur la vallée de l’Arno à Florence, 1795.
• Louis ISABEY, La Tempête – Naufrage, 1835.
• Jules LAURENS, La Mosquée bleue à Tauris en Perse, 1872.
• Achille LAUGÉ, La Route au lieu-dit « L’Hort », vers 1896 – 1898.

La visite au musée pourra ainsi se faire en autonomie ou guidée et laissera aux élèves la possibilité de choisir leur parcours grâce à une sélection (collective ou individuelle) sur la base des détails à retrouver dans les collections.

Le dispositif est constitué de :

• 6 cartes postales détails (à distribuer aux élèves + fichier téléchargeable)

Cartes postales numériques
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• 6 notices illustrées (document téléchargeable)

Les notices d’œuvres
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La version anglophone
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La version hispanophone
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1FRAME est une fédération de trente grands musées de France et d’Amérique du Nord qui promeut la coopération culturelle dans un contexte d’échanges entre musées. FRAME encourage les partenariats entre ses musées membres afin d’organiser des expositions, de développer des programmes culturels innovants pour ses publics et de favoriser des échanges de professionnels parmi les équipes de ses musées. http://www.framemuseums.org/

Marine par temps calme

Willem van Diest

Marine par temps calme
Willem VAN DIEST, 1646
huile sur bois, 48 x 58 cm

À l’aube, le vent se lève sur la mer du Nord. Une barque est accostée au rivage. Des pêcheurs s’affairent sur la grève, penchés sur des paniers en osiers. On devine les silhouettes penchées des marins s’activant sur le bateau de pêche, dont la voile est gonflée par le vent. Au loin, un navire de ligne apparait, fanto- matique, tout proche de la ligne d’horizon. Les nuages gonflés, bientôt menaçants, occupent le ciel immense... L’écume, délicatement évoquée par des touches de blanc, vient donner tout leur relief aux vaguelettes.1

L’eau

L’eau transparente est calme, à peine ridée par le vent. Les fonds marins apparaissent d’un brun chaud avec des reflets dorés. Ils font écho aux nuages sombres qui s’accumulent en haut à gauche de la composition. L’écume, délicatement évoquée par des touches de blanc, vient donner tout leur relief aux vaguelettes.

Le vent

Les bourrasques, qui poussent le bateau vers le rivage, sont suggérées par la brosse du peintre qui laisse des sillons bien visibles dans la couche picturale. Ce paysage côtier aux tonalités dorées est peint d’un camaïeu de bruns et de beiges en partie permis par le coloris du panneau de bois visible à travers les couches de peinture très fine.

L’atmosphère

En regardant ce petit tableau, il semble presque possible de respirer l’atmosphère chargée d’humidité du littoral... Derrière les volutes formées par les masses nuageuses, le ciel s’ouvre sur un bleu azur plein de promesses.

1Willem Van Diest est un peintre qui a vécu à La Haye, aux Pays Bas, au 17e siècle. Il a peint un tableau de petit format, destiné à la décoration intérieure d’une maison bourgeoise.

Vénus et Adonis

Paysage de Grottaferrata

Vénus et Adonis. Paysage de Grottaferrata
Nicolas Poussin, vers 1626
Huile sur toile (détail), 0,75 x 1,10 m

À la faveur de la pénombre offerte par l’aube, Vénus embrasse longuement Adonis. La douceur des courbes du paysage, l’écrin moelleux du feuillage touffu, apportent beaucoup de charme au cadre dans lequel se retrouve le couple amoureux.

Le dieu fleuve, allongé à gauche, semble couvrir la scène d’un regard mélancolique et protecteur.1

L’obscurité

Tout est calme, le temps semble suspendu. Le coloris chaud rend l’atmosphère presque mystérieuse tandis que l’obscurité partielle semble providentielle pour le jeune couple... Vénus, éperdue, met toute son énergie à écarter le danger mortel, qui guette Adonis s’il repart chasser, en le couvrant de baisers.

Le ciel

Bleus clairs à gauche, rougeurs de l’aube à droite, l’horizon s’embrase... à l’image du feu brulant dans le cœur des deux amants. Les nuages animent, dans un ample mouvement, tout le panorama. Ils traduisent le passage du temps qui inéluctablement, conduit des plaisirs (la nuit) à la mort (le jour)...

Le cadrage

Ce tableau a, depuis quelques années seulement, retrouvé son état originel. Découpé en deux au 18e siècle, les tableaux alors considérés comme distincts ont connu des parcours très différents : l’un vendu aux États-Unis, l’autre acquis par Fabre. Une restauration récente a permis de les identifier et de les rassembler.

1Nicolas Poussin est un grand peintre classique français du 17e siècle. François-Xavier Fabre, lors de son séjour en Italie, a acheté un de ces tableaux... sans savoir qu’il en manquait la moitié !

Vue sur la vallée de l’Arno à Florence

Louis Gauffier

Vue sur la vallée de l’Arno à Florence
Louis Gauffier, 1795
Huile sur toile, 0,80 x x1,10 m

Soleil couchant sur la ville de Florence... La ramure des arbres se découpe à contre jour, laissant filtrer une lumière dorée qui baigne de douceur les femmes et les jeunes enfants qui s’ébattent sur la terrasse. On imagine le chant d’un oiseau, un léger courant d’air soulevant un châle de tissu léger... Une paisible fin de journée où bruissent les bavardages animés.1

Le crépuscule

Cette vue sur la vallée de l’Arno au coucher du soleil est prise depuis une terrasse surplombant la ville, entourée de vieilles murailles. Les silhouettes de plusieurs églises se distinguent devant le fleuve serpentant vers le lointain, jusqu’au pied des collines toscanes.

La brume

La sensibilité du peintre Louis Gauffier pour les subtilités atmosphériques est soulignée par le traitement qu’il fait de la lumière, traitée telle une brume vaporeuse teintée d’ocre.

Un rêve ?

Les figures féminines au premier plan, vêtues de costumes folkloriques italiens, offrent un caractère pittoresque à la composition. Acquis récemment, en 2016, ce tableau vient rejoindre au musée Fabre une collection déjà importante de paysages présentant une vision idyllique de l’Italie à la fin du 18e siècle.

1Louis Gauffier est un peintre français de la fin du 18e siècle. Camarade de François-Xavier Fabre à l’Académie de France à Rome, ils restent proches amis à Florence où ils se passionnent pour une representation néoclassique des paysages les environnant.

La Tempête – Naufrage

Louis Isabey

La Tempête – Naufrage
Louis Isabey, 1835
Huile sur toile, 0,65 x 0,80 m

D’énormes bourrasques de vent soulèvent la mer. Les hautes vagues viennent se briser sur la côte dans un puissant fracas. Un mât fendu, une voile en lambeaux, témoignent du terrible naufrage qui vient de se produire. La jambe du marin, coincée sous les décombres, indique que l’accident a été meurtrier...1

Le ciel

Les nuages omniprésents, blanc gris, se teintent de noir à l’horizon. L’air iodé est lourd de menace. Au centre, derrière les rochers, une échappée de ciel bleu offre comme un infime espoir.

La mer

Les assauts répétés des vagues sur les rochers couvrent la mer déchainée d’une écume épaisse. Les éléments naturels semblent ne laisser aucune chance à une accalmie. Impitoyables, ils s’abattent avec une force intense sur les rares hommes ou animaux qui n’ont pas trouvé de refuge.

La côte

Les hauts rochers sombres s’élèvent en une masse terrifiante. Où se situe cette côte hostile ? Faut-il essayer de reconnaitre le relief d’une falaise du littoral normand où le peintre séjourne régulièrement ? Ou accepter l’idée que son imagination fertile lui a permis de la composer depuis son atelier parisien, à partir de différents croquis pris sur le motif ?

1Louis Isabey est un peintre romantique du 19e siècle. Il souhaite devenir marin avant de faire carrière, comme son père, en tant que peintre reconnu.

La Mosquée bleue à Tauris en Perse

Jules Laurens

La Mosquée bleue à Tauris en Perse
Jacques Laurens, 1872
Huile sur toile, 1,10 x 1,65 m

Au cœur d’un paysage baigné par une lumière intense, quelques voyageurs font une brève halte, épuisés par les rudes conditions de l’expédition. Tout autour d’eux le relief est recouvert d’un manteau de neige éblouissante. Au dessus de leurs têtes, l’immense ciel bleu presque immaculé ne leur fait pas oublier le froid perçant porté par l’air vif.1

Le voyage

Le convoi à dos de dromadaire fait écho au long voyage entrepris par le peintre Jules Laurens en tant que dessinateur pour une mission scientifique dirigée par un géographe. Au milieu du 19e siècle, ils parcourent la Grèce, la Turquie et la Perse (l’Iran actuel). L’artiste rapporte des centaines de croquis et aquarelles qui nourriront son inspiration pendant les années à venir.

La neige

La couverture neigeuse offre tout à la fois un beau camaïeu de blancs et une note originale à ce tableau orientaliste. L’altitude, soulignée par les sommets des montagnes perses visibles au loin, rend tout à fait plausible ce phénomène climatique.

La faïence

Au centre, la Mosquée Bleue, en ruine, s’impose. La fascinante mosaïque de motifs arabisants, bleu turquoise et indigo, fait écho aux couleurs du ciel environnant. Détruite par un tremblement de terre, il ne reste que les vestiges majestueux de cette mosquée située près de Tauris (Toriz) qui a retenu, hier, l’attention du peintre et, aujourd’hui, celle du visiteur du musée...

1Jules Laurens est un peintre du 19e siècle. Il a été élève à l’école des Beaux-Arts de Montpellier aux côtés d’Alexandre Cabanel.

La Route au lieu-dit « L’Hort »

Achille Laugé

La Route au lieu-dit « L’Hort »
Achille Laugé, vers 1896-1898
Huile sur toile, 0,94 x 1,15 m

Village de Cailhaud, été 1896. Malgré l’éblouissante luminosité, les ombres allongées semblent indiquer une paisible fin de journée... On imagine la chaleur du soleil accumulée, l’odeur de l’herbe coupée, le bruit du vent dans la ramure des arbres. La fine poussière de l’allée, immaculée, trace un chemin vers les maisons blotties au centre de la composition. Immobilité, calme total... pas un animal ou un enfant affairé ne viennent perturber le moment suspendu saisi par le peintre.1

Le feuillage

La poésie du feuillage mauve est accentuée par l’impression d’une dissolution des cimes dans le ciel bleu, dans une évanescence nébuleuse. Simplifiant les formes observées, le peintre juxtapose nettement ses touches de couleurs sur la toile. S’inspirant des théories scientifiques de Chevreul, il réalise un paysage pointilliste dont l’étrangeté diffuse fait le charme.

Le foin

Les meules de foin, ou de paille, indiquent la fin de l’été. Séchant au soleil, elles sont le souvenir du pénible travail de la moisson manuelle et annoncent l’automne approchant où elles seront stockées dans une grange ou étable toute proche.

Le chemin

L’Hort, du latin Hortus/jardin, est un coin de route connu par des photographies de l’époque. Achille Laugé, très sensible à la géométrie des formes, est fasciné par la régularité des arbres plantés au bord du chemin. Il peint en effet plusieurs dizaines de versions de ce motif...

1Achille Laugé a profité quelques années, à la fin du 19e siècle, de l’agitation parisienne avant de revenir dans le Sud-Ouest de la France pour vivre et peindre, isolé, dans un village non loin de Carcassonne.