Retour au “Canada et l’impressionnisme”

Jeunesse et soleil

Section 4

Tout au long du XIXe siècle, le thème de l’enfance a occupé une place croissante dans les réflexions philosophiques, sociologiques et artistiques. Avec la popularité des portraits d’enfants, les peintres impressionnistes produisent un corpus d’œuvres remarquable représentant des enfants de familles aisées, dans des scènes domestiques intimistes ou dans des représentations plus animées de jeux en extérieur.

Avec leurs évocations puissantes et intemporelles de l’enfance, les impressionnistes canadiens s’emparent à leur tour de ce sujet. Paul Peel, proche des artistes scandinaves, décline comme eux des portraits d’enfants de la campagne dans un style luministe, « juste milieu » entre naturalisme et impressionnisme. L’enfant de la campagne, insouciant et libre, devient une figure de contrepoint à l’industrialisation et l’urbanisation rapides de l’époque. A contrario Helen McNicoll et Laura Muntz se font un nom par leurs portraits d’enfants sages de la bonne société victorienne.

Si tous profitent des nouvelles possibilités offertes par l’impressionnisme dans l’emploi de la couleur et de la lumière, la multiplicité des styles exposés montre la synthèse que réalisent ces artistes face aux diverses influences européennes qu’ils découvrent simultanément ou successivement. Dans les premières années du XXe siècle, ce sujet acquiert une autre dimension sous l’influence des théories vitalistes : le tableau Jeunesse et soleil de Suzor-Coté traduit l’absorption de ce nouveau courant de pensée célébrant l’énergie vitale universelle.