L'image représente une femme vêtue d'une robe élégante, avec des manches longues et bouffantes de couleur jaune. Elle porte un corsage bleu et une jupe d'un ton violet. Un drapé rouge accentue sa silhouette, ajoutant une dimension dramatique à l'ensemble. La femme tient un objet, probablement un plateau ou un livre, avec une expression douce et réfléchie. L'arrière-plan est sombre, ce qui fait ressortir les couleurs vives de ses vêtements et attire l'attention sur son visage et sa posture.

Francisco de Zurbaran Fuente de Cantos, 1598 - Madrid, 1664

Sainte Agathe

Vers  1635 - 1640

Huile sur toile 130 cm × 61 cm
Commentaire de l’audioguide (2min7s) :

La célèbre Sainte Agathe du musée Fabre, un des joyaux de la collection, n’a cessé de fasciner les visiteurs depuis son achat par la ville en 1852 à la vente Soult, en même temps que L’Ange Gabriel. Selon toute vraisemblance le tableau provient du couvent de la Merced Calzada, démembré lors de l’occupation de Séville par les Français en 1810.

Agathe, grande sainte de la Contre-Réforme, fut très tôt honorée en Espagne. Originaire de Catane, la belle et riche Agathe décide de consacrer sa vie au Christ dès sa plus tendre enfance. Elle résiste aux avances du préfet païen Quintianus et subit d’atroces supplices – seins broyés puis tranchés – tout en proclamant sa foi.

Des nombreuses saintes représentées par Zurbarán, la Sainte Agathe est incontestablement la plus fascinante et la plus mystérieuse. Elle est montrée debout, le corps légèrement ployé, le visage tourné vers le spectateur, en train de présenter le sinistre trophée à la façon des Hérodiade ou des Salomé chères au monde caravagesque. Le geste est à la fois humble et délicat. L’expression pleine de grâce se teinte de mélancolie.

La composition tout abstraite joue habilement sur le jeu des formes rondes et courbes. Le clair-obscur exalte les belles matières tactiles enlevées dans une gamme de couleurs rares et audacieuses : bleu canard du justaucorps, mauve de la robe virant à l’amarante, rouge du manteau, jaune lumineux des manches – les fameuses « manches citrines » qui enchantaient Paul Valéry. C’est ce mélange de stylisation, de rêverie, joint au réalisme de la couleur et de certains détails comme les seins aux reflets laiteux posés sur le plateau de métal, qui fait tout le charme obsédant de ce tableau réalisé vers 1635-1640, véritable icône de la peinture religieuse du Siècle d’or espagnol.

EN (2min16s) :
852.1.3
Musée Fabre
Achat de la Ville, 1852
propriété de la Ville de Montpellier