Observez bien le trompe-l’œil. Il reproduit un tableau de Frédéric Bazille : l’Autoportrait à la palette, conservé à l’Art Institut de Chicago. Elégant quoiqu’un peu austère, ce n’est pas nous qu’il observe mais son reflet dans un miroir.
Achevé vraisemblablement vers 1865, lorsque le jeune artiste se consacre enfin à la peinture, ce tableau reflète une mode courante du milieu du XIXe siècle. Les artistes aiment se mettre en scène, posant la palette à la main. Ici, Frédéric Bazille illustre sa volonté de faire ses preuves aux yeux de tous.
Sa tenue correspond-elle bien à celle d’un peintre ? Renoir a représenté Bazille peignant dans son atelier : il est alors vêtu d’une blouse et de chaussons, nettement plus adaptés à cette pratique salissante. Il s’agit bien d’une description fidèle de l’artiste au travail, alors que la tenue choisie pour son autoportrait est bien plus distinguée.
La société Mad Art, qui réalise ce trompe-l’œil en 2005, choisit donc de mettre à l’honneur ce peintre montpelliérain emblématique. Le personnage avec une longue vue à l’étage supérieur, probablement Nostradamus, inscrit cette œuvre dans l’histoire du quartier. C’est un clin d’œil au passé prestigieux de la tour de la Babotte qui se trouve en face, transformée en observatoire d’astronomie au XVIIIe siècle alors qu’elle abrite l’Académie Royale des Sciences.
C’est aussi du haut de cette tour que le premier télégramme montpelliérain est transmis en 1832. Dans la gravure représentant le quartier au temps de la jeunesse de Bazille, un télégraphe se dresse en effet à son sommet. Aujourd’hui elle sert d’observatoire à la ville de Montpellier.