Né à Odessa en 1898, naturalisé français en 1928, Philippe Hosiasson fait partie de cette génération d’artistes installés en France dans l’entre-deux guerre qui fut baptisée « Ecole de Paris ».
Avec la fin de la guerre s’achève sa période figurative. Sa participation au Salon des Surindépendants de 1947 marque le début de la seconde partie de sa carrière. L’abstraction connaît alors un regain important mais est traversée par de nombreux courants antagonistes. Dans ce contexte, Philippe Hosiasson va élaborer une œuvre originale et puissante qui évoque à la fois la matière d’un De Staël, ou d’un Dubuffet et la violence de l’abstraction lyrique alors en plein essor. Sa participation au Salon de Mai, en 1954, attire l’attention de Michel Seuphor et Michel Tapiè qui remarquent la parenté de son travail avec celui de l’Ecole de New York. Cette période est particulièrement féconde sur le plan artistique : invité aux Etats-Unis, il rencontre Rothko, Tobey, Newmann et reçoit le soutien du critique Clément Greenberg. Hosiasson entre alors dans de nombreuses collections privées et publiques américaines comme le Metropolitan Museum of Art, le Salomon Guggenhein Museum, ou le musée d’Art de l’Université de Virginia, à Charlottesville, qui conserve dix-sept toiles. En France, le Musée National d’Art Moderne lui consacre une exposition en 1978. La période des années 1950, l’une des plus remarquables de ce peintre, démontre la force et l’originalité de son langage : un vocabulaire tellurique dans lequel la matière et le coloris sont d’une puissance peu commune.
Après son décès en 1978, Hosiasson plonge peu à peu dans l’oubli, d’où le tirent deux expositions révélatrices lors des Rencontres d’Octobre 2008 et 2009 organisées à Paris par Jacqueline Boissier. Avec l’accrochage de 18 œuvres de Philippe Hosiasson, dont La Steppe, le musée Fabre proposa en 2009-2010 un vaste panorama des années 50 de la peinture abstraite en regard de Pierre Soulages.