L'image représente une scène vibrante et colorée avec plusieurs personnages. On peut voir des figures humaines dans un bateau, où un homme barbu semble interagir avec un jeune personnage aux cheveux ondulés. Ce dernier est vêtu d'une tunique bleue et d'un drapé orange, tandis que les autres personnages au loin montrent des expressions variées. Le fond suggère un environnement naturel riche, peut-être en relation avec un événement mythologique ou narratif. Les détails sont minutieusement peints, mettant en avant les émotions et les postures des différents personnages.

❓ Mais que se passe-t-il ? Une bataille d’amoureux ? L’homme semble n’avoir d’yeux que pour la dame, mais la supplie-t-il ou la force-t-il ? Et elle, pourquoi détourne-t-elle obstinément son regard, comme si quelque chose la retenait derrière, et en même temps… ? Préfère-t-elle rester sur le navire plutôt qu’embarquer avec ce barbu qui la tire, le pied cramponné sur une embarcation de fortune ?

🗝️ Cette histoire vieille comme le monde a donné lieu à bien des interprétations et, pour la retrouver, si vous ne l’avez déjà deviné, perspicace comme vous êtes, voici quelques indices :
• La beauté de l’héroïne était fameuse, cause de bien de tracas.
• Elle et sa divine parentèle sont le sujet d’une des plus célèbres opérettes du XIXe siècle.
• Le héros quant à lui, habituellement imberbe, a trouvé le moyen de déclencher une guerre, à partir d’une… pomme. Mais ce n’était pas n’importe quelle pomme, on s’en doute un peu.

Elle c’est la Belle Hélène, fille de Zeus et d’un.e Cygne, celle dont « la fatalité fait “cascader-cascader” la vertu » d’épouse de Ménélas, roi de Sparte. Lui, c’est Pâris, « l’homme à la pomme », prince troyen fils de Priam, que l’on a isolé en raison d’un funeste présage qui le prédit déclencheur de désastre. Mais voilà que les déesses viennent le tenter dans son refuge sur le mont Ida, en lui demandant de désigner par une pomme, la pomme de Discorde, celle d’entre elles qu’il trouvera la plus belle. Il choisit Aphrodite qui lui donne en cadeau l’amour de la plus belle des mortelles… Hélène, pourtant déjà mariée ! Pâris profite alors d’un voyage en Crète de son époux Ménélas, pour aller enlever Hélène, et déclenche ainsi rien moins que la guerre de Troie.

Cette scène, de nombreuses fois écrites, a donné lieu à bien des interprétations, oscillant entre enlèvement (de force) et ravissement d’Hélène. Celle présentée ici s’inspire d’une gravure de Marcantonio Raimondi, d’après un dessin perdu de Raphaël. L’opérette de Jacques Offenbach, donnée pour la première fois en 1864 et premier triomphe de la collaboration du musicien avec les librettistes Henri Meilhac et Ludovic Halévy, penche nettement pour la seconde interprétation !

Ce motif d’une rare qualité, orne un plat non moins exceptionnel, destiné à être exposé comme un tableau. Il provient de l’atelier Fontana d’Urbino, lieu où la production de majolique connaît un essor considérable entre 1530 et 1600. Ce plat fait partie de la première donation de François-Xavier Fabre en 1825, à l’origine du musée. Il est exposé à l’hôtel de Cabrières – Sabatier d’Espeyran.

PS : N’hésitez pas à re-écouter La Belle Hélène ou lire son livret en accès libre sur Internet, c’est très drôle !

Fabrique FONTANA
Plat, "L’Enlèvement d’Hélène"
Plat , 1543
Faïence stannifère, décor de grand feu polychrome
Don François-Xavier Fabre, 1825
Inv. : 825.1.356