L'image représente une scène de plage avec des vagues douces qui s'échouent sur le rivage. Le sable est clair, et on peut voir plusieurs formes sombres sur la plage, peut-être des pierres ou des objets. Au loin, l'eau semble calme, et le paysage est baigné d'une lumière douce, suggérant une atmosphère paisible. Des silhouettes humaines peuvent être aperçues, ajoutant une touche de vie à cette scène naturelle.

Ah, la mer, la mer qu’on ne voit plus tellement danser le long des golfes clairs, exceptés celles et ceux qui qui ont la chance d’habiter suffisamment près ou haut pour la voir depuis leurs fenêtres ou balcons… Voici ce qu’en écrivait l’auteur de cette œuvre, à un ami cher demeuré à Paris : « … la mer, je la revois toujours comme une amie ou plutôt comme une maîtresse. Quand j’y suis, je ne peux m’en détacher. Toutes les études du monde sont d’une insupportable froideur… »

❓ Mais quelle est cette plage, que cet artiste a commencé à fréquenter à peu près au même moment où certains écrits allaient en assurer la réputation ?

🗝️ Indices :

• L’artiste, comme beaucoup d’autres, aimait beaucoup sa région, il y a séjourné près d’une quinzaine de fois : on voit, aux empreintes laissées par le ressac sur le sable, que les marées y sont marquées…
• Le littoral auquel cette plage appartient a annoncé et consacré la place de la mer dans le paysage moderne en peinture.
• Cette plage et ses environs ont également inspiré les écrivains, suscitant des énigmes ou des métaphores devenues célèbres.

Nous n’en disons pas plus pour laisser à votre perspicacité le plaisir de la découverte !

Avez-vous reconnu de quelle œuvre il s’agit ? Pour le vérifier, cliquez sur l’image ci-contre.

La solution ci-dessous…

Il s’agit d’une vue de la plage et des falaises d’Etretat, et plus précisément de la falaise d’Amont pour laquelle Guy de Maupassant, dans son roman « Une vie », a inventé cette fameuse comparaison : « Là-bas, en avant, une roche d’une forme étrange, arrondie et percée à jour, avait à peu près la figure d’un éléphant énorme enfonçant sa trompe dans les flots… » A ne pas confondre avec la falaise d’Aval, tout aussi belle, qui a largement inspiré les aventures d’Arsène Lupin, notamment « L’Aiguille creuse » à son écrivain Maurice Leblanc – ce dernier avait élu domicile à Etretat, dans une demeure appelée « le Clos Lupin ».

Delacroix a découvert les beautés de la côte normande grâce à ses nombreux séjours à l’hôtel de Londres, à Dieppe ou bien à l’abbaye de Valmont, près de Fécamp, que possédait son cousin Nicolas-Auguste Bataille, ancien officier d’état-major. A propos de ce dernier, Delacroix raconte dans son Journal, avec une pointe d’envie, combien, bien que désœuvré en apparence, il ne se plaignait jamais, ni du poids du temps, ni de l’ennui… De fait, cette villégiature normande semble un "séjour de paix et d’oubli du monde entier".

Dans son Journal, l’artiste décrit ainsi sa perception des falaises, lors d’une excursion en mer, au large de Fécamp, en octobre 1849 : « Le sol sous cette arche étonnante, semblait sillonné par les roues des chars et semblait les ruines d’une ville antique. Ce sol est ce blanc calcaire dont les falaises sont entièrement faites. Il y a des parties sur les rocs qui sont d’un brun de terre d’ombre, des parties très vertes et quelques-unes ocreuses. »

Ami de Delacroix, le critique Théophile Sylvestre conseille en 1874 à Alfred Bruyas l’acquisition de cette œuvre, qu’il promeut ainsi : « Dans le ciel solitaire, d’une pureté absolue et d’une légèreté sans fonds, on entendrait non seulement l’aile d’une mouette mais le bourdonnement d’un insecte [...]. L’effusion lumineuse n’a même pas de soubresauts tout le long de cette falaise abrupte, dont la croûte terrestre et le gazon rôti semblent à la fois un chaume de cabane et une peau de bête fauve. »

Ferdinand Victor Eugène Delacroix (Charenton-Saint-Maurice, 1798 – Paris, 1863)
Vue de la plage et des falaises d’Etretat, 1e moitié XIXe siècle
19e siècle
Aquarelle, sur traits à la mine de plomb
Inv. 876.3.102 (legs Bruyas, 1876)