Retour au “Canada et l’impressionnisme”

Univers féminins

Section 5

Les impressionnistes ont renouvelé le genre du portrait, notamment féminin, en l’inscrivant dans des scènes de vie quotidienne, qu’elles soient en intérieur ou en plein air. Les portraits de jeunes femmes absorbées par une occupation laborieuse ou de divertissement, sont autant d’instantanés de la vie bourgeoise domestique.

Dans l’interprétation moderniste de ces scènes de genre, le traitement formel l’emporte souvent sur la dimension narrative ou psychologique. Cette mise en scène de l’intime souligne, volontairement ou non, une séparation des sphères sociales masculine et féminine dont la légitimité commence à être remise en question.

Les impressionnistes canadiennes atteignent leur maturité artistique dans une période de lutte pour l’évolution de la condition féminine. Dans les cercles intellectuels, la figure de l’américaine cultivée et émancipée par ses voyages en Europe devient l’incarnation de la « Nouvelle Femme » - cette « New Woman » popularisée par les romans de Henry James. Les femmes peintres, qui sont elles-mêmes l’exemple des nouvelles ambitions féminines et des obstacles auxquels elles se heurtent, offrent une vision sensible et parfois ambiguë de ce rôle assigné.

Nourris par l’impressionnisme, les peintres canadiens explorent les qualités de la lumière et l’atmosphère de l’environnement immédiat, tout en cherchant à révéler l’universalité du modèle féminin. Alors que le nu féminin est un genre quasiment inexistant au Canada à cette période, les artistes Marc-Aurèle de Foy-Suzor-Coté ou Arthur Dominique Rozaire contribuent significativement à son développement.