Retour à “Jean Ranc”

Salle 5

Ces messieurs de Montpellier

Jean Ranc ne regagna sans doute jamais son Montpellier natal. Cependant, de nombreux commanditaires de la cité languedocienne, de passage à Paris, choisirent leur compatriote pour se faire tirer le portrait. C’est notamment le cas de Joseph Bonnier. Au lendemain de son mariage avec Anne Melon en 1702, ce financier, à l’aube de sa carrière, prit la pose dans l’atelier de Ranc avec son épouse. À cette époque, Bonnier n’est pas encore le fastueux trésorier de la Bourse des Etats du Languedoc et baron de la Mosson. Il apparait cependant comme un grand seigneur dans un jardin élégant. Anne Melon, son épouse, présente un œillet, symbole de l’amour constant, tandis qu’au second plan, Ranc intègre une statue de Cérès dans le paysage, symbole de fertilité en référence à la nouvelle union du couple. A la fin de sa vie, Bonnier, devenu la septième richesse du royaume, lance la construction du château de la Mosson, qui sera achevé par son fils Joseph II. Les deux portraits y étaient exposés. C’est l’acquisition en 2017 par le musée Fabre de ces deux fastueux portraits qui a lancé le projet de l’exposition.

François-Xavier Bon de Saint Hilaire quant à lui était le premier président de la Cour des comptes. Il prit la pose sans doute vers 1715, lors d’un voyage à Paris à la suite de la mort de Louis XIV. Il apparait en tenue de magistrat, au sein de sa bibliothèque. Bon de Saint Hilaire était en effet un curieux universel, passionné d’astronomie, de physique, de sciences naturelles et d’antiquités. Son cabinet de collectionneur, évoqué au sein de l’exposition, présentait ainsi des sculptures égyptiennes, grecques et romaines. Il possédait également un Globe de Coronelli que l’on devine sur le tableau et de nombreux instruments scientifiques, dont ce précieux Quart de Cercle en laiton doré. Il fut le premier à démontrer la nature animale du corail et encouragea, dans ses publications, l’élevage d’araignées pour fabriquer de la soie !