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Salle 4

La réception à l’Académie

En 1700, Jean Ranc, qui vient de quitter l’atelier de Rigaud, se présente à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Cette institution, fondée en 1648, réunissait les artistes français les plus talentueux et leur offrait de nombreux privilèges, notamment d’exposer au Salon et de recevoir les commandes royales. Agréé par la Compagnie, Ranc, en tant que portraitiste, doit présenter deux morceaux de réception, deux chefs-d’oeuvre devant illustrer ses talents : le portrait de deux ainés, Nicolas de Plattemontagne et François Verdier. Dans le premier tableau, Ranc offre une image majestueuse d’un homme du Grand Siècle, portant une vaste perruque et la cravate parfaitement nouée. Dans le second, le peintre est décontracté, vu de trois-quart, la chemise ouverte, et portant un confortable bonnet d’intérieur. A l’aube du XVIIIe siècle, une nouvelle conception de l’élégance fondée sur la décontraction voit le jour. Ces deux portraits sont admirés par les académiciens, et permettent à Ranc d’être reçu en 1703, puis d’exposer ses peintures au Salon du roi en 1704.

Bien que portraitiste, Ranc, comme son maître Rigaud, a aussi pratiqué ponctuellement la peinture d’histoire. Les tableaux religieux, historiques ou mythologiques occupent en effet le sommet de la hiérarchie des genres, et l’artiste a voulu prouver son talent dans cette Crucifixion très raffinée et délicate, récemment découverte et qui permet d’imaginer le grand peintre d’histoire que Ranc aurait pu être si son atelier n’avait été assailli de commandes de cette société parisienne soucieuse de laisser son image à la postérité.