Retour à “Jean Ranc”

Salle 3

Premières commandes parisiennes

En 1700, Ranc est désormais émancipé de l’atelier de Rigaud et se lance dans sa carrière personnelle. À cette époque, la société parisienne est avide de portraits pour laisser la mémoire de ses traits à la postérité. Ranc s’intègre dans ce marché très lucratif mais également très concurrentiel. Il doit se mesurer à de glorieux ainés, notamment François de Troy, Nicolas de Largillierre et bien sûr Hyacinthe Rigaud. De son maître, Ranc reprend les formules du portrait d’apparat, mêlant une étude réaliste de la physionomie de ses modèles à une emphase décorative qui se manifeste notamment dans les superbes drapés qui donnent majesté et noblesse aux personnages. Pourtant, Ranc montre déjà les traits qui feront son succès : des visages délicats aux teints porcelainés accompagnés de charmantes joues roses ainsi qu’une audace dans son choix de couleurs suaves.

Ses premiers clients sont plutôt de bons bourgeois que de grands seigneurs. Ils se font peindre à mi-corps, ce qui diminue le prix des portraits, comme le temps de travail du peintre. Monsieur et Madame Dupuy notamment présentent des physionomies émouvantes où Ranc révèle sa dette à l’égard des couleurs chaudes de Rembrandt, artiste que l’on collectionne avec passion dans le Paris de cette époque. Ces deux toiles prêtées par le musée de la Chartreuse de Douai resteront en dépôt au musée Fabre après l’exposition.

Pierre Gaudron, grand horloger parisien, se fait tirer le portrait avec son épouse Jeanne Catillon à l’occasion de leur mariage en 1706. Pour le portrait de monsieur, Ranc réutilise la formule inventée dans le Portrait d’homme inconnu vers 1700. A cette époque, un portrait présentant une attitude originale coûtait bien plus cher qu’un portrait réutilisant une pose déjà conçue : cette technique a permis à Gaudron de faire des économies d’argent et à Ranc des économies de temps, alors que son atelier était déjà assailli de commandes !