Henri II duc de Rohan
Chef de guerre des rébellions huguenotes contre le pouvoir royal, Henri II de Rohan (1579-1638) est à la fois l’artisan et le grand absent du siège de Montpellier. Il organise les préparatifs durant l’été, mais il quitte la ville la veille du début des hostilités. Il va suivre l’essentiel des opérations à distance, de Nîmes, où il s’affaire pour trouver des renforts qui ne viennent pas. Au bout d’un mois, les Montpelliérains s’impatientent. Cette longue attente suscite de la méfiance. La lecture des articles particuliers de la paix de Montpellier, très favorables au duc et à sa famille, finit par convaincre certains de sa traitrise, si bien qu’il doit se justifier de son attitude dans ses Mémoires :
Voilà donc Montpellier assiégé, où je crois avoir fait humainement tout ce qui se pouvoit faire pour le fortifier et munir de soldats et de munitions de guerre et de bouche. Je ne m’arrêtai là que cinq semaines durant : je fis tous mes efforts à lever quatre mille hommes de guerre pour tenter d’y jeter un secours avant que M. le connétable et M. de Vendôme joignissent l’armée du Roi ; mais ce fut en vain, et je dirai qu’il me fut impossible de les mettre ensemble, qu’à condition, pour la plupart, de ne les enfermer dedans Montpellier.
Extrait des Mémoires d’Henri de Rohan, « Discours sur les raisons de la paix faite devant Montpellier ».
Améric d’Estienne d’Améric
Frère de Jean d’Estienne de Carlencas, capitaine calviniste, plusieurs fois consul de la ville, et de Jacques d’Estienne de Pradilles, professeur à la faculté de médecine, Améric d’Estienne d’Améric (c. 1550-1636) est surtout un notable montpelliérain, avant de se muer en chef de guerre inflexible et courageux en 1622. Conseiller juge au Présidial de Montpellier, il tient de son épouse Gervaise Hermet un mas à Puech Maupeau qui va prendre son nom par aphérèse : Méric. Côté Montpelliérain, c’est l’acteur principal des événements, mais une figure controversée : un fanatique iconoclaste pour le chanoine d’Aigrefeuille, le héros du siège pour le pasteur Philippe Corbière. Élu premier consul en 1622, après avoir été un des membres les plus zélés du Cercle, d’Améric assume ses responsabilités jusqu’au bout, administrant la ville dans un contexte extrême, gérant l’intendance militaire et soutenant les habitants.
« Que d’Améric ait prononcé quelques-unes des paroles qu’on lui attribue, paroles qui étaient assez dans les goûts de l’époque, cela importe peu. Mais si d’Améric a eu une langue acérée, il a eu une tête sage, un cœur valeureux, et, après une année de consulat dans les circonstances les plus difficiles, il est resté debout, malgré la chute, je ne dis pas la ruine, de sa cause ; aimé de ses amis qui n’ont pas voulu cesser de faire cause commune avec lui ; respecté de ses adversaires, dans les conseils desquels il a continué d’occuper une place honorable. » (Philppe Corbière)