Suite à l’achat en 2017 de Paysage de Lozère de 1891 et d’un Autoportrait de 1909 de George-Daniel de Monfreid, ainsi que du don récent d’une Nature morte au plateau de 1900, le musée Fabre a souhaité poursuivre l’enrichissement du fonds dédié à l’artiste à travers l’acquisition de ce remarquable portrait du peintre René Andreau.

Le peintre René Andreau (1870-1945), 1895
Huile sur toile, 97 cm × 130 cm
Peintre et collectionneur d’art, George-Daniel de Monfreid passe son enfance dans la propriété maternelle de Saint-Clément à Corneilla-de-Conflent dans les Pyrénées. Indépendant de fortune grâce à ses parents, il s’oriente vers la peinture et suit les cours de l’Académie Julian à Paris. Il devient l’ami de nombreux artistes et poètes dont Paul Verlaine, Victor Segalen, Aristide Maillol, et surtout Paul Gauguin, qu’il rencontre en 1887 et dont il deviendra l’ami et le mécène. Il participe ainsi à l’exposition Volpini de peintures du Groupe impressionniste et synthétiste au Café des Arts organisé par Paul Gauguin en 1889, puis expose pour la première fois en 1891 au Salon des Indépendants.
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AutoportraitDaniel de Monfreid, 1909
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Paysage de Lozère VareillesDaniel de Monfreid, 1891
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Nature morte au plateauDaniel de Monfreid, 1900
De facture d’abord impressionniste, puis pointilliste, son œuvre se rapproche de celle des Nabis, marquée par des couleurs chaudes et un goût prononcé pour l’ornement, clairement observable dans ce portrait alangui de son ami. Cette huile retrouvée – elle n’était toujours pas localisée lors de la réalisation du catalogue raisonné du peintre en 2003 – représente le peintre René Andreau (1870-1945), ainsi que le souligne la dédicace qui évoque la camaraderie des deux artistes. Peu d’informations ont subsisté sur René Andreau, proche de Paul Verlaine et auteur de paysages mélancoliques, dont le Petit Palais à Paris conserve un exemple (Le Berger, 1905).
En 1895, date du portrait, Monfreid a presque quarante ans et Andreau seulement vingt-cinq. Le modèle apparait dans une ambiance dominée par le rouge et dans un contexte éminemment décoratif : le tapis d’orient accroché au mur, visible sur d’autres toiles du peintre, s’observe également dans les photographies de l’atelier de Monfreid à Paris. Les attributs de peintre d’Andreau sont relégués à droite du canapé, tronqués par le cadre et dissimulés sous un coussin. Nonchalamment accoudé, la main tenant une cigarette, Andreau affecte une pose décontractée tandis que son regard soutenu dévoile une expression non dénuée d’ambiguïté.
D’une facture maçonnée et libre, ce portrait donne à Monfreid l’occasion d’exercer un art d’une picturalité puissante et monumentale.