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Le collège royal de médecine

Collège de Mende/des Douze médecins et de Gérone

L’Université médicale reçoit ses premiers statuts en 1220 mais n’aura pas de lieu d’enseignement proprement dit pendant deux siècles et demi.

Médecins et chirurgiens montpelliérains acquièrent au Moyen Âge une renommée européenne. L’aide reçue de la papauté installée à Avignon au XIVe siècle, et la bonne organisation de la fabrication et de la diffusion du livre médical, expliquent la modernité de leurs pensées.

En effet, l’université médicale va bénéficier de l’installation des papes à Avignon (1313-1377). Le pape Urbain V et son frère le cardinal Anglic Grimoard, fondent en 1369 le Collège des douze médecins qui reçoit 12 étudiants en médecine du diocèse de Mende.

Les maîtres trouvent commode d’enseigner dans les locaux du collège de Mende créé par le pape Urbain V en 1369. Peu à peu, l’idée s’impose aux professeurs d’avoir des locaux qui leur sont propres.

Ces premiers locaux, probablement fort modestes, ont été l’œuvre commune des maîtres et des élèves. Cette nouvelle installation se situe aux environs de 1469. Il s’agit de deux maisons adjacentes, sans étage, située en bordure de l’actuelle rue de l’Ecole de Pharmacie. L’une des maisons servait pour les leçons et sans doute aussi pour les dissections. L’autre était le logement du concierge. Un puits et un jardin occupaient le reste du terrain.

En face du collège des douze médecins, Jean Bruguière crée, en 1452, le Collège de Girone pour deux étudiants catalans.

Collège Royal de médecine

À la fin du XVe siècle, les maîtres de l’université achètent deux maisons bientôt désignées, en 1469, comme le Collège royal de médecine. Elles occupent l’angle des actuelles rue de l’Ecole de Pharmacie et du Calvaire. Le Collège royal de médecine qui ne quittera ces lieux qu’après la Révolution.

Au XVIe siècle, le fonctionnement de l’université médicale évolue progressivement vers une institution royale et fonctionnarisée.

En arrière des bâtiments, dans un jardin compris entre les actuelles rues du Calvaire, de la Verrerie et du Berger, le chancelier Guillaume Rondelet organise un jardin botanique, l’Hortulus, et un amphithéâtre d’anatomie de forme octogonale inauguré en 1556.

L’université médicale jouit à la Renaissance d’un prestige considérable. Des étudiants célèbres vont se succéder, surtout dans la première partie du siècle, avant que n’éclatent les guerres de religions.

À partir de 1577, la cité devient officiellement une « ville de sureté » pour les Réformés. Cette position lui donne un attrait particulier pour les étudiants gagnés aux idées de la Réforme comme François Rabelais.

Enseignement et rite d’intégration

L’enseignement est rythmé par le son d’une cloche, et ce dès 6h du matin.

Les cours de médecine sont dispensés au Collège royal autour des disciplines suivantes : anatomie, botanique, séances d’herborisation autour de Montpellier.

Les études médicales sont onéreuses. Les étudiants pauvres, en particulier les boursiers des Collèges de Mende et de Girone ont de réelles difficultés à suivre leurs camarades.

De classe sociale aisée, le jeune étudiant est reçu par le procureur des étudiants et des bacheliers qui le présente au chancelier. Il est accueilli, dans la première partie du XVIe siècle, par un autre personnage portant chapeau, l’abbé, à qui il remet une somme d’argent et qui est censé le guider et le protéger. L’abbé des étudiants profitera souvent de sa position pour leur soutirer de l’argent et les débaucher.

La vie universitaire débute par une cérémonie de bizutage, « le saut », qui se déroule en public sur un terrain voisin du Verdanson.

Vie estudiantine à la Renaissance

La vie étudiante est rythmée de fêtes. La période du carnaval est particulièrement animée. Les étudiants élisent un roi du carnaval qui ordonne, à ses frais, les festivités. Un banquet est organisé, précédé d’un cortège à travers les rues de la ville à la lumière des torches. Les participants sont armés et se livrent parfois à des débordements de mauvais goût.

À l’issue du repas, les étudiants jouent en public une pièce de théâtre, une moralité, sur des tréteaux dressés dans une rue de la ville, en général au carrefour de la Peyre, à l’angle de la Grand rue et de la rue de La Loge actuelles.

Ainsi Rabelais est l’auteur de La Morale comédie de celuy qui avait espousé une femme mute, farce écrite pour être jouée sur des tréteaux, rue de la Loge.

Un bourgeois de la ville se désespère parce que son épouse est muette. Les chirurgiens lui rendent la voix, mais notre homme excédé ne peut plus la supporter. L’opération inverse étant impossible, ils lui enlevèrent un osselet dans chaque oreille, pour le rendre sourd. Dès lors, il n’entend plus rien et tout finit par une bagarre générale…

La dissection à Montpellier au Moyen Age et à la Renaissance

Les dissections à Montpellier sont officielles dès 1340. Le chancelier Guillaume Rondelet est à l’origine du premier amphithéâtre d’anatomie en 1556.

« Le Collège n’est pas une belle construction. Il ne renferme qu’une salle de cours et une salle de dissection. »
Thomas Platter

Jusqu’en 1529, la dissection à Montpellier demeure une aventure improvisée, annuelle ou bi-annuelle, dépendant d’une exécution capitale, ou, à défaut, de la découverte d’un corps en bon état.

Le 14 novembre 1552, l’étudiant suisse Félix Platter, raconte une dissection dans le Collège royal de médecine : « Le docteur Guichard présidait l’anatomie et un barbier opérait. Outre les étudiants, il y avait dans l’assistance beaucoup de personnes de la noblesse et le de la bourgeoisie, et jusqu’à des demoiselles, qu’on fit l’autopsie d’un homme. Il y assistait même des moines ».
Notes de voyage à Montpellier, de deux étudiants balois, 1552-1559, 1595-1599

André Vésale (Bruxelles, 1514 – Zakynthos, 1564), De humani corporis fabrica libri septem, 1555
Montpellier, Université de Montpellier,
Bibliothèque universitaire historique de médecine

Urbain V (1310-1370)

Masque funéraire d’Urbain V, dans l’atrium de la Faculté de médecine

Né en 1310 au château de Grizac dans le diocèse de Mende, capitale du Gévaudan (Lozère), Guillaume Grimoard connait une destinée exceptionnelle. Sixième pape élu en Avignon en 1362 sous le nom d’Urbain V, il fut le seul pontife avignonnais à être béatifié (1870) par Pie IX. Sa personnalité remarquable et son extraordinaire rayonnement marquent profondément son pontificat en France comme en Europe. Désirant développer l’enseignement dans tout le monde chrétien, il favorise les réformes de grandes universités. À Montpellier, il fonde le collège Saint Benoît et Saint-Germain en 1364. Il améliore le quotidien des étudiants en médecine en créant le collège des Douze médecins en 1369 pour accueillir les étudiants du diocèse de Mende.

François Rabelais (1483-1553)

Le médecin philosophe

Médecin et écrivain humaniste, témoignant d’un don prodigieux pour l’invention verbale dans ses romans parodiques Gargantua et Pantagruel, François Rabelais est venu étudier à la Faculté de médecine de Montpellier, où il est reçu docteur en 1537. Depuis son passage, la tradition veut qu’aucun étudiant ne quitte la Faculté sans être passé sous « la robe rouge dite de Rabelais » pour prêter serment. Souvent décrit comme l’archétype du “carabin” - l’étudiant en médecine coquin - Rabelais incarne surtout la figure du médecin humaniste de la Renaissance, libre penseur et philosophe.

  • François Rabelais
    Légende : Gravure, XVIIe siècle, Bibliothèque nationale, Département des estampes,
    © Wellcome Collection
  • François Rabelais
    Université de médecine, Montpellier

Guillaume Rondelet (1507-1566)

Le médecin naturaliste

Portrait de Rondelet
Université de médecine de Montpellier

Connu pour son ouvrage sur les poissons, le Montpelliérain Guillaume Rondelet incarne la figure du médecin naturaliste de la Renaissance, qui s’intéresse autant à l’homme qu’à la nature. En 1556, il est élu chancelier de la Faculté. Il crée la première salle dédiée aux dissections anatomiques, ainsi que le premier Jardin des plantes médicinales, au sein du Collège Royal de médecine. Rondelet organise aussi le premier cours officiel de botanique et sera le précurseur des herborisations dans les garrigues languedociennes. Il a eu de nombreux élèves et Rabelais le cite dans son œuvre.