À la fin du XVIIIe siècle, le voyage en Italie prend une ampleur inédite et attire les curieux de toute l’Europe. Les vestiges romains comme les chefs-d’œuvre de la Renaissance incitent les voyageurs à se lancer dans le « Grand Tour », selon l’expression britannique consacrée. À la même époque, le mouvement néoclassique encourage la redécouverte de l’Antiquité et attire une multitude d’artistes dans la péninsule. Parmi eux, l’un des plus séduisants est sans conteste Louis Gauffier (1762-1801).
Lauréat du grand prix de l’Académie à l’âge de 22 ans, le peintre arrive à Rome en 1784 et s’établit définitivement en Italie jusqu’à son décès précoce en 1801. Témoin de l’univers fascinant du Grand Tour, de la fin de l’Ancien Régime aux débuts de la Révolution jusqu’aux campagnes du général Bonaparte, Gauffier traverse une époque de transformations radicales qui influencent sa vie et son art. À Rome, le peintre élabore des tableaux d’histoire raffinés, précieux et savants. À Florence, il devient le portraitiste des voyageurs de toute l’Europe. En inscrivant ses modèles dans des paysages mêlant les monuments de la capitale toscane et les beautés de la nature, il développe une formule qui associe intimité, charme et décontraction. Il pratique la peinture en plein air, étudie les arbres et les rochers, l’atmosphère et la lumière, qu’il transpose dans des paysages d’une extraordinaire sensibilité, annonciatrice des inventions du XIXe siècle.
L’amitié de Gauffier avec François-Xavier Fabre, fondateur du musée de Montpellier, explique sa représentation dans les collections du musée depuis près de deux siècles. La présente rétrospective organisée en partenariat avec le musée Sainte-Croix de Poitiers, ville de naissance de Gauffier, est la première à lui être consacrée. Reconnue d’intérêt national par le Ministère de la Culture, elle bénéficie de prestigieux prêts du musée du Louvre, du château de Fontainebleau, mais aussi des musées d’Edimbourg, de Cambridge, de Stockholm, de Philadelphie, de Minneapolis, de San Francisco, de Melbourne et de bien d’autres institutions publiques comme de collectionneurs privés. L’exposition propose un vaste parcours d’une centaine de peintures et de dessins réunis en dix sections, à la découverte d’un artiste sensible et visionnaire, dans la lumière de l’Italie.