
Une famille malheureuse, le suicide, 1852
Huile sur toile, 46 cm × 38 cm
868.1.80
La confrontation avec le réel est une donnée fondamentale de l’histoire de l’art depuis ses origines. On peut parler d’une tradition réaliste qui parcourt l’histoire de l’art, d’une permanence qui se signale à certaines époques et dans certains pays. Toutefois, il faut attendre le milieu du XIXe siècle et la Révolution de 1848 pour entendre parler d’un mouvement réaliste en peinture.
Des écrivains tels que Lamennais, Michelet, Auguste Comte, exhortent les artistes à sortir de leur isolement. L’heure de l’esprit scientifique a sonné. Les bases sûres pour le peintre sont les données du regard.

Suicide (esquisse), Vers 1848
Huile sur toile, 40 cm × 28 cm
868.1.81
Le Réalisme revendique une réalité brute et contemporaine, non édulcorée par les conventions ou les artifices. C’est aussi un « art engagé » : la réalité de 1848 est dominée par le contraste social.
En peinture, Courbet est la figure forte du mouvement, sinon l’instigateur. Son Pavillon du Réalisme, élevé en marge de l’Exposition Universelle en 1855, en est le manifeste fondateur.
Prologue au catalogue de la grande exposition de Courbet en marge de l’Exposition Universelle de 1855
« Le titre de réaliste m’a été imposé comme on a imposé aux hommes de 1830 le titre de romantiques.
Sans m’expliquer sur la justesse plus ou moins grande d’une qualification que nul, il faut l’espérer, n’est tenu de bien comprendre, je me bornerai à quelques mots de développement pour couper court aux malentendus.
J’ai étudié en dehors de tout esprit de système et sans parti pris, l’art des anciens et l’art des modernes. Je n’ai pas plus voulu imiter les uns que copier les autres ; ma pensée n’a pas été davantage d’arriver au but oiseux de l’art pour l’art.
Non ! J’ai voulu tout simplement puiser dans l’entière connaissance la tradition le sentiment raisonné et indépendant de ma propre individualité.
Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée. Être à même de traduire les mœurs, les idées, l’aspect de mon époque, selon mon appréciation, être non seulement un peintre, mais encore un homme, en un mot, faire de l’art vivant, tel est mon but. »
Gustave Courbet