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La faculté de médecine

L’École de santé

1789 : la Révolution éclate. En 1792 toutes les universités sont supprimées. Le collège de chirurgie ferme ses portes mais les professeurs continuent d’assurer un enseignement clandestin à leur domicile et à leurs frais. L’enseignement sera par la suite supporté financièrement en partie par la municipalité.

Le pouvoir ne tarde pas à s’apercevoir qu’il est nécessaire d’avoir médecins et chirurgiens pour soigner les soldats blessés des armées de la République. Jean-Antoine Chaptal est rappelé par le comité d’instruction publique qui le charge de réorganiser l’enseignement de la médecine en France.

L’installation, en 1795, de l’École de santé dans les bâtiments de l’évêché de Montpellier (anciennement le monastère Saint-Germain-Saint-Benoît) est véritablement un fait “révolutionnaire”.

Jean-Antoine Chaptal fait construire le Theatrum anatomicum, le grand théâtre d’anatomie. Ce dernier accueille les étudiants en médecine, en chirurgie et ceux de l’École des Beaux-Arts pour qu’ils puissent dessiner l’anatomie.

Les soutenances de thèse ont lieu dès lors dans la chapelle de l’évêché, au milieu de grisailles murales évoquant des évêques réformistes. Les professeurs s’habillent et délibèrent dans les appartements de l’évêque, entre des stucs muraux figurant le Christ et Marie !

La bibliothèque universitaire, elle-même en partie issue des fonds révolutionnaires, occupe les salons de réception de l’évêque à l’étage.

  • Laurens, Jean-Joseph-Bonaventure (1801-1890), Cathédrale et Ecole de médecine de Montpellier
    Laurens, Jean-Joseph-Bonaventure (1801-1890), Cathédrale et Ecole de médecine de Montpellier
    Lithographie E. Moquin & Comp[agn]ie, Montpellier
    Musée Fabre de Montpelier méditerranée Métropole
  • Faculté de médecine, dessin d'après nature et lithographié par Jules Boilly, 1840
    Faculté de médecine, dessin d’après nature et lithographié par Jules Boilly, 1840
    Girieud Edit. à Montpellier, Imp. Lith de Boehm à Montpellier
    Musée Fabre de Montpelier méditerranée Métropole
  • Inauguration des statues de Barthez et Lapeyronie à Montpellier, 1864, d'après une photo de M. Rouet
    Inauguration des statues de Barthez et Lapeyronie à Montpellier, 1864, d’après une photo de M. Rouet
    Musée Fabre de Montpelier méditerranée Métropole
  • Monôme d'étudiants devant la faculté de médecine, Montpellier La Malle Poste vers 1840
    Monôme d’étudiants devant la faculté de médecine, Montpellier La Malle Poste vers 1840
    Archives Municipales de Montpellier-6Fi379
  • Faculté de médecine de Montpellier, salle des Actes
    Faculté de médecine de Montpellier, salle des Actes

Jean-Antoine Chaptal (1756-1832)

L’homme politique

Originaire de Lozère, Jean-Antoine Chaptal étudie la médecine à Montpellier et la chimie à Paris. Il crée à Montpellier une fabrique de produits chimiques et en 1793, il est nommé directeur des poudrières par le Comité de Salut Public. Cette année-là, la Convention ferme toutes les Universités en France, car elles étaient sous la tutelle de l’Église. L’enseignement médical deviendra officieux à Montpellier, financé par la Municipalité.

Trois Universités sont rouvertes un an après, sous le nom d’Écoles de santé, à Paris, Strasbourg et Montpellier. Celle de Montpellier est installée par Chaptal dans l’ancien palais épiscopal, que l’on connait aujourd’hui comme la Faculté de médecine.

Chaptal occupera différents postes politiques, jusqu’à devenir ministre sous Bonaparte puis sénateur.

  • Monanteuil, Jean-Jacques (1785-1860), Cook, Conrad (actif en 1840), Jean-Antoine-Claude Chaptal, gravure
    Monanteuil, Jean-Jacques (1785-1860), Cook, Conrad (actif en 1840), Jean-Antoine-Claude Chaptal, gravure
  • Jean-Antoine Chaptal
    Jean-Antoine Chaptal
    Faculté de médecine de Montpellier

Le « décret Chaptal » permet la distribution des œuvres émanant des saisies révolutionnaires et de la nationalisation des biens de l’Eglise dans certains musées de Province. Ces collections sont réparties entre les musée de Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Lille, Strasbourg, Nancy, Dijon, Toulouse, Caen, Rouen, Rennes et Mayence.

Montpellier est oubliée…

Nostradamus (1503-1566)

L’astrologue

Resté célèbre pour ses prophéties, le Provençal Nostradamus, de son vrai nom Michel de Nostre-Dame, s’inscrit deux fois comme étudiant en médecine à Montpellier en 1529. Il est radié une première fois, car soupçonné d’avoir suivi une formation d’apothicaire, considérée par les médecins comme un métier manuel. Il apprend aussi l’astrologie en raison de l’infl uence supposée des planètes sur l’évolution des maladies. La trace d’une consultation médicale de Nostradamus auprès de l’évêque de Béziers, conservée aux archives départementales de l’Hérault à Montpellier, est déjà empreinte d’astrologie.

Knorr, Georg Wolfgang, 1705-1761, {Nostradamus}
Knorr, Georg Wolfgang, 1705-1761, Nostradamus
Gravure, Wellcome library

Paul-Joseph Barthez (1734-1806)

L’encyclopédiste promoteur du vitalisme

Au XVIIIe siècle, l’École de Médecine de Montpellier est reconnue en partie grâce aux enseignements dispensés par le Professeur Paul-Joseph Barthez, qui sera nommé chancelier en 1785.

Il est l’image du médecin philosophe des Lumières et participe à l’Encyclopédie dirigée par Diderot. Son ouvrage Nouveaux éléments de la science de l’Homme est l’ouvrage fondateur du vitalisme, également appelée doctrine médicale de l’École de Montpellier, une doctrine qui tente d’expliquer le monde vivant, prémices de la biologie. Barthez est représenté par la statue à droite à l’entrée de la Faculté.

  • Lambert frères, (actif vers 1803-1836), {Paul Joseph Barthez}
    Lambert frères, (actif vers 1803-1836), Paul Joseph Barthez
    Gravure, Wellcome library
  • Paul-Joseph Barthez
    Paul-Joseph Barthez
    Université de médecine, Montpellier

Glafira Ziegelmann

Première cheffe de clinique (1871-1935)

Glafira vers 1892
Glafira vers 1892

Tardive en Europe, à partir de la fin du XIXe siècle, l’ouverture de la Faculté de médecine de Montpellier aux femmes fait figure d’exception. Glafira Ziegelmann et Agnès Mc Laren font partie des toutes premières élues en France.

D’origine russe, première femme reçue au concours de chef de clinique (en obstétrique), elle fut aussi la première à oser se présenter au concours de l’agrégation. Admise à l’écrit, anonyme, elle fut avertie de ne pas se présenter à l’oral, étant une femme. Glafira Ziegelmann mena néanmoins une brillante carrière. Aujourd’hui, le nouveau Campus santé Arnaud de Villeneuve a permis une approche paritaire dans la dénomination des espaces, du parvis et des amphithéâtres. L’un d’entre eux porte son nom.

Hippocrate

Buste d'Hippocrate, faculté de médecine
Buste d’Hippocrate, faculté de médecine

L’ancienne chapelle privée des évêques est reconvertie en salle des actes et reçoit un cadeau du premier consul Bonaparte : une tête d’Hippocrate, issues de fouilles archéologiques réalisées à Velletri, ville de la province de Rome à la fin du XVIIIe siècle.

Son ministre Chaptal l’offre à l’école de santé : « Autrefois à Cos, Hippocrate est aujourd’hui montpelliérain » est la divise inscrite en capitale au-dessus du buste placé dans la salle des actes.

Hippocrate né vers 460 avant J.-C. sur l’île de Cos et mort en 377 av. J.-C. à Larissa, est un médecin grec du siècle de Périclès, mais aussi philosophe, considéré traditionnellement comme le « père de la médecine ». C’est l’initiateur d’un style et d’une méthode d’observation clinique, et le fondateur des règles éthiques pour les médecins, à travers le serment d’Hippocrate et d’autres textes du Corpus hippocratique.

De riches collections d’art et d’anatomie

Chaptal lance l’organisation des dépôts d’objets de sciences et d’art : bibliothèque universitaire, galeries de tableaux, sculptures et dessins. Il instaure une nouvelle épreuve pour les médecins, la présentation « d’une pièce anatomique naturelle ou artificielle pour être déposée au conservatoire ».

  • André Vésale, {De humani corporis fabrica libri septem}, planche d'illustration, 1555
    André Vésale, De humani corporis fabrica libri septem, planche d’illustration, 1555
    Ouvrage, Montpellier, Université de Montpellier, Bibliothèque universitaire historique de médecine, Eb 87 in-fol
  • Écorché de Lami
    Écorché de Lami
    Conservatoire d’anatomie, Faculté de médecine de Montpellier
  • Cire anatomique de Fontana
    Cire anatomique de Fontana
    Conservatoire d’anatomie, Faculté de médecine de Montpellier

Plusieurs collections prestigieuses voient le jour, manuscrits et livres rares de la Bibliothèque, Conservatoire d’anatomie et Musée Atger, du nom d’un donateur qui fi t don de ses collections en 1813. Il s’agit du plus ancien musée d’art de la ville, au sein même de la Faculté. Il témoigne de la vision humaniste de la médecine partagée par l’école montpelliéraine : étudier l’homme dans toutes ses dimensions, anatomique, mais aussi culturelle et artistique, pour mieux cerner finement ses humeurs, ses forces et ses faiblesses.