L’ancienneté du marché
En 1212, les consuls de Montpellier créent une place de la poissonnerie. Cet acte fondateur est mentionné cinq siècles plus tard sur le plan de compoix des îles de la Poissonnerie et de la Boucherie, ce qui constitue un indice de son importance.

Du XIIIe siècle au XIXe siècle, cette place reste l’unique espace autorisé pour la vente de poisson frais. Ce marché est central puisqu’il se situe à proximité des principaux espaces marchands et politiques de la ville. Les compoix ainsi que le plan dressé par Flandio de la Combe montrent ainsi qu’il est proche de la boucherie (ou Mazel), de la place aux herbes, de la place des Cévenols (où plusieurs variétés de denrées alimentaires sont vendues), de l’Orgerie (marché aux grains) et de l’Hôtel de ville.


Un espace abandonné, à réaménager
Dès le XVIIe siècle, soit bien avant la construction de la halle aux poissons, le Bureau de police constate que certaines marchandes ont préféré renoncer à cet espace et installer leurs étals de vente dans les ruelles proches ou au-devant des maisons. En 1684, les autorités dénoncent les vendeuses qui, « par une manifeste contravention & un abus trés - incommode & prejudiciable aux Habitans […] vendent hors la Poissonnerie & dans les Rues voisines » (Archives de Montpellier, HH 182, Délibération du Bureau de police, 7 octobre 1684). Cette dispersion des échanges est jugée responsable de « puanteurs insuportables » à travers la ville, mais également d’un grand encombrement : « il arrive que le passage des Rues ou lesdites Ventes se font, & particulierement de celles du Puids du Fer, de la Place des Sevenols & du Mazel, au devant de la Boucherie sont toûjours occupez & embarrassez par les Jardinieres, Fruitieres, Revandeuses, Poissonniers & Mangoniers, & par leurs Tabliers, Bancs, Corbeilles, Banastes & autres choses ». Durant la première moitié du XVIIIe siècle, de nombreux règlements du Bureau de police rappellent aux poissonnières qu’elles ne doivent effectuer les ventes en détail qu’à la place de la Poissonnerie. En réponse aux injonctions des autorités, les vendeuses soutiennent que les étals de la place sont en « mauvais estat » ou « occupez par des Mangonniers ».