Retour à “La galerie d’Énée”

L’histoire dessinée de la galerie

1er septembre 1715.

Louis XIV vient de mourir au château de Versailles.
Une page de l’histoire se tourne.

La cour du roi tourne le dos à Versailles. Elle rejoint le Palais-Royal dans la capitale, à deux pas du Louvre.

C’est ici que le régent Philippe d’Orléans a décidé de s’installer.

Neveu de Louis XIV, c’est à lui que revient la charge de gouverner le pays en attendant la majorité du petit Louis XV qui n’a alors que cinq ans.

Sous la régence de Philippe d’Orléans, le Palais-Royal devient le cœur de la vie politique et artistique.

Le palais est composé des appartements du Régent, des appartements de la duchesse d’Orléans, et d’une galerie de peintures considérée comme une des principales curiosités de la capitale.

Le Régent aime les arts et les pratique. Il compose, peint et grave. Amateur de peinture, il rassemble au Palais-Royal une collection de plus de 700 toiles.

Pour la « galerie neuve » donnant sur la rue de Richelieu, il décide d’orner la voûte d’un riche décor, puis le mur de sept tableaux. Il fait appel pour cela à son peintre favori, Antoine Coypel.

Le sujet est choisi.

Ce sera l’histoire d’Énée, héros mythologique de la guerre de Troie.

Le mythe raconte comment Énée s’enfuit de Troie incendiée par les Grecs. Il parcourt la Méditerranée et débarque à Carthage où il est accueilli par la reine Didon. Elle tombe amoureuse et veut le retenir. Mais Énée quitte Carthage et la reine, désespérée, se tue. Après la mort de Didon, Enée arrive en Italie où il fondera son royaume, Rome, après une guerre sanglante contre les Rutules.

Le peintre passe l’été et l’hiver 1702 à faire des esquisses préparatoires. Il demande aux plus belles femmes de la cour de lui servir de modèles pour dessiner les personnages de déesses.

L’Olympe - Esquisse de la voûte
Antoine Coypel, 1703
Mercure volant, vu de profil, et Enée construisant Carthage - Dessins préparatoires
Antoine Coypel, vers 1701-1705

Le décor de la voûte est achevé en 1705 et connaît un grand succès.

Le décor est complété par sept tableaux réalisés entre 1715 et 1717.

À partir de 1715, le Régent fait transformer le décor intérieur par l’architecte Gilles-Marie Oppenord, un des précurseurs du style rococo.

La galerie se pare de pilastres, bas-reliefs, dorures et cheminée.

À cela s’ajoute un riche mobilier, comme des canapés, des tables et des torchères ; et sans doute des objets décoratifs précieux, comme des vases en porcelaine et des petits bronzes.

Contrairement à son oncle le Roi-Soleil qui aimait se montrer en public, le Régent n’aime pas se donner en représentation.

Selon le duc de Saint-Simon, dont les Mémoires consignent la vie à la cour, la bonne heure pour tenter d’apercevoir le Régent est « entre une et deux heures de l’après-midi », au moment où il « prend son chocolat ».

Car le soir venu, le Régent fait fermer les portes du Palais-Royal et demande aux valets de s’en aller. Ses soupers se font en petit comité, et c’est masqué qu’il se rend aux bals et fêtes donnés au Palais ou à l’Opéra.

Un lieu de fêtes
Jessica Degain, conservatrice au musée des Beaux-Arts de Tours

Son goût du secret alimente toute sorte de commérages concernant ses mœurs légères.

Le Régent meurt un soir d’hiver 1723, après un souper, assoupi sur l’épaule d’une de ses favorites. Il a 49 ans.

La fête est finie. La vie du Palais-Royal s’éteint.

En 1763, l’Opéra brûle, endommageant une partie du Palais-Royal qui le jouxte.

Reconstruit, il brûle à nouveau en 1781, après une représentation de l’opéra Orphée et Eurydice de Gluck, dont le décor s’est probablement embrasé.

L’arrière-petit-fils du Régent décide alors de construire une salle de spectacle à la place de la galerie d’Énée, passée de mode et sans doute en mauvais état.

Les tableaux muraux pouvant être retirés sont envoyés au château de Saint-Cloud vers 1778, tandis que le reste est détruit.

De 1786 à 1790 est construit à la place ce qui deviendra l’actuelle Comédie-Française.

Si quelques éléments du décor de la galerie ont été sauvés, il ne reste plus rien du bâtiment. Il faut désormais entièrement l’imaginer.

Des conservateurs ont travaillé à reconstruire en 3D l’ensemble de la galerie.

Reconstruire en 3D un décor disparu

Équipe

Jessica Degain

Conservatrice au musée des Beaux-Arts de Tours Jessica Degain est en charge des collections XVIIe-XVIIIe et XIXe siècles, depuis 2020. Elle s’occupe notamment à ce titre des tableaux d’Antoine Coypel du musée, La Colère d’Achille et Les Adieux d’Hector et Andromaque, point de départ de l’exposition « Le Théâtre de Troie : Antoine Coypel, d’Homère à Virgile » (21 janvier – 18 avril 2022), dont elle est commissaire.

Pierre Stépanoff

Conservateur au musée Fabre de Montpellier Pierre Stépanoff est en charge des peintures et des sculptures de la Renaissance au milieu du XIXe siècle, depuis 2015. Il est notamment responsable des trois grands tableaux d’Antoine Coypel issus de la galerie d’Enée et conservé à Montpellier : Enée fuyant Troie, Enée apparaissant à Didon et La Mort de Didon. Il contribue comme conseiller scientifique pour la reconstitution de la galerie, proposée dans l’exposition.

Équipe du musée Fabre - Anne Le Cabec

Chargée de projets numériques

Production, écriture et réalisation - Fleur de papier

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Iconographie

Paris au XVIIIe siècle, plan de Paris en 20 planches
Michel-Etienne Turgot, 1734-1739, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Cartes et plans
© Bibliothèque nationale de France, Paris

Philippe, duc d’Orléans, régent de France (1674-1723)
Jean-Baptiste Santerre (1651-1717) (d’après), vers 1717, Peintures, 18e siècle, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon
© Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

Vue et perspective du Palais Royal du côté du Jardin
François-Antoine Aveline, d’après Jean Chaufourier, vers 1780, estampe, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie
© Bibliothèque nationale de France, Paris

Dessin de console pour la Galerie d’Énée au Palais Royal
Gilles-Marie Oppenord, vers 1716-1718, Paris, musée des Arts décoratifs
© Musée des Arts décoratifs, Paris

Dessin de console pour la Galerie d’Énée au Palais Royal
Gilles-Marie Oppenord, vers 1716-1718, Paris, musée des Arts décoratifs
© Musée des Arts décoratifs, Paris

 

Cheminée
Gilles-Marie Oppenord, 1714-1717, Aylesbury, Waddesdon Manor (reproduit dans cat. the Orleans collection), Paris, musée des Arts décoratifs
© Musée des Arts décoratifs, Paris

L’incendie de l’Opéra, vu des jardins du Palais-Royal, le 8 juin 1781
Robert Hubert (1733 - 1808, peintre), Peinture à l’huile sur toile, Musée Carnavalet, Histoire de Paris
© Paris-Musées

Incendie de l’Opéra du Palais-Royal en 1763
Gravure 19e siècle
© Collection Joinville

Photographie

Vue intérieure des grands appartements : galerie des Glaces
Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon
© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans

Galerie dorée de l’hôtel de La Vrillière
Paris, Banque de France
© Banque de France

Équipe

Jessica Degain - Conservatrice au musée des Beaux-Arts de Tours

Jessica Degain est en charge des collections XVIIe-XVIIIe et XIXe siècles, depuis 2020. Elle s’occupe notamment à ce titre des tableaux d’Antoine Coypel du musée, La Colère d’Achille et Les Adieux d’Hector et Andromaque, point de départ de l’exposition « Le Théâtre de Troie : Antoine Coypel, d’Homère à Virgile » (21 janvier – 18 avril 2022), dont elle est commissaire.

Pierre Stépanoff - Conservateur au musée Fabre de Montpellier

Pierre Stépanoff est en charge des peintures et des sculptures de la Renaissance au milieu du XIXe siècle, depuis 2015. Il est notamment responsable des trois grands tableaux d’Antoine Coypel issus de la galerie d’Enée et conservé à Montpellier : Enée fuyant Troie, Enée apparaissant à Didon et La Mort de Didon. Il contribue comme conseiller scientifique pour la reconstitution de la galerie, proposée dans l’exposition.

Équipe du musée Fabre : Anne Le Cabec - Chargée de projets numériques

Production, écriture et réalisation : Fleur de papier