Avant la Révolution française, la peinture italienne est peu présente à Montpellier. Les églises de la ville sont décorées par des peintres de la région et la plupart des collectionneurs préfèrent accumuler dans leur cabinet des sculptures antiques, des médailles ou des livres précieux. Seule l’extraordinaire chapelle de la famille Deydé, aménagée dans la cathédrale à la fin du XVIIe siècle, permettait de percevoir l’art des sculpteurs et peintres génois sollicités par Pierre Puget, le concepteur du décor.
Sous la Révolution, les choses changent. Un musée est fondé le 11 août 1795 par le directoire du département de l’Hérault. Des tableaux sont saisis dans les collections et les églises de la ville. Surtout, en 1803 et 1804, l’Etat envoie un ensemble de 27 tableaux, dont 6 peintures italiennes.
C’est notamment le cas d’une grande toile du peintre vénitien de la fin de la Renaissance Palma le jeune, Le Martyre de saint Donatien et de ses compagnons à Carthage. Le tableau avait été saisi en 1796 par les armées révolutionnaires dans l’église de Crémone en Italie.
Le gouvernement envoie également une composition de Mattia Preti, peintre du XVIIe siècle actif à Rome, Naples et Malte, Moïse sur le mont Sinaï. Le tableau avait été réquisitionné en 1799 par les armées du Directoire à Turin, dans les collections des princes de Savoie.
Un troisième tableau a eu une histoire pleine de rebondissements : L’Adam et Eve chassé du Paradis, peint par l’atelier du Bolonais Francesco Albani, dit l’Albane, dans les années 1650. Cette peinture est acquise par Louis XIV puis intégrée au décor de l’antichambre des Chiens, au sein des petits appartements de Louis XV. Le tableau est saisi sous la Révolution, puis envoyé à Montpellier en 1803. Il a finalement retrouvé le chemin du château de Versailles et a été réintégré en dessus de porte au sein de l’antichambre des Chiens en 2010. En échange, le château de Versailles a déposé au musée de Montpellier le grand tableau d’Alexandre Cabanel, La Glorification de saint Louis (1853-1855).
À la même époque, un peintre montpelliérain installé à Rome puis à Florence, François-Xavier Fabre, commence à se constituer une belle collection de peintures italiennes…