Il faut attendre le XVIIIe siècle pour voir la création d’un véritable Collège de chirurgie et le XIXe siècle pour que médecine et chirurgie fusionnent. En effet, jusque-là, les chirurgiens étaient considérés comme des manuels, assimilés aux barbiers, et non des intellectuels.
Le XVIIe siècle sera marqué par les travaux du Montpelliérain François Gigot de Lapeyronie dans le domaine de la chirurgie. Fils d’un barbier, il obtient son diplôme de maître-chirurgien et de barbier à Montpellier à l’âge de 17 ans. Reconnu comme un chirurgien habile et efficace, il sera le chirurgien des rois, notamment de Louis XV. En tant que démonstrateur public d’anatomie de l’École de médecine, Lapeyronie enseigne et dissèque devant ses élèves. Tout au long de sa carrière, dans les pas de Gui de Chauliac, il œuvre à la valorisation de la chirurgie. Il est notamment à l’origine de l’ordonnance royale de 1743 qui sépara définitivement le métier de chirurgien de celui de barbier.
François Gigot de Lapeyronie (1678-1747)
Gravé par Jean Daullé d’après Rigaud, en 1755
L’Amphithéâtre Saint-Côme
À sa mort il lègue par testament une partie de sa fortune aux chirurgiens de Montpellier. L’école utilise ces fonds pour faire construire, par l’architecte Jea -Antoine Giral, l’hôtel Saint Côme. Ce bâtiment est inauguré en 1757.
Jean AntoineHoudon Le grand écorché,
XVIIIe siècle
Moulage en plâtre,
185 cm
× 80 cm
806.32
Musée Fabre
Amphithéâtre Saint-Côme, vue intérieure
Place Saint-Côme
Jean-Marie Amelin (1785-1858) dessin, encre, vers 1822 (non daté)
Réseau des médiathèques de Montpellier méditerranée Métropole
Amphithéâtre Saint-Côme, vue intérieure
Cet hôtel est destiné aux élèves chirurgiens qui pouvaient faire leur dissection dans l’amphithéâtre d’anatomie. L’hôtel Saint-Côme abrite aussi une salle de réunion des chirurgiens, le tout dans la plus pure architecture classique.
Art et Anatomie
Savants et artistes ont très tôt trouvé dans l’être humain une clef commune pour connaître le monde et le fonctionnement du vivant. Dès l’Antiquité grecque et romaine, l’observation de la nature donne lieu aux premiers écrits anatomiques.
André Vésale (Bruxelles, 1514 – Zakynthos, 1564), De humani corporis fabrica libri septem, 1555
Montpellier, Université de Montpellier, Bibliothèque universitaire historique de médecine
André Vésale, De humani corporis fabrica libri septem, planche d’illustration, 1555
Ouvrage, Montpellier, Université de Montpellier, Bibliothèque universitaire historique de médecine, Eb 87 in-fol
Académie : homme assis, 1re moitié du 19e siècle
François-Xavier Fabre Pierre noire Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger Inv. MA 276, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
L’acte de toucher un cadavre demeure essentiellement sacrilège au Moyen Âge. Cependant à partir du XIVe siècle, les maîtres laïcs s’émancipent des interdits d’ordre religieux et obtiennent des autorisations pour pratiquer des dissections, à Bologne, Padoue et Montpellier. Dès le XIVe siècle, l’autopsie sur des cadavres fait considérablement progresser les connaissances anatomiques. À la Renaissance, médecins et artistes peuvent renouer avec les savoirs antiques, se trouvant unis dans leur soif de compréhension de l’univers à travers l’Homme, qui semble alors le symbole de sa perfection. Dans ce mouvement appelé humanisme, les plus grands peintres pratiquent l’art de la dissection et font de l’étude anatomique un préalable à la représentation du corps, tandis que leurs homologues médecins publient des traités remarquables dont l’imprimerie élargit la diffusion.
Rembrandt, « La Leçon d’anatomie du docteur Tulp »
Huile sur toile, 1632
Durant les siècles suivants et jusqu’au XIXe siècle, le cours d’anatomie fait partie des formations académiques alors en plein essor, dispensé dans les amphithéâtres de médecine et les écoles de dessin, d’après le cadavre ou grâce à quelques modèles fameux d’écorchés ou de planches d’illustration gravées.