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Art et anatomie

Dessins croisés musée Fabre / musée Atger

En 2020, la Faculté de médecine de Montpellier célébrera les 800 ans de sa fondation. Créée en 1220, il s’agit de la plus ancienne faculté de médecine au monde encore en activité. Pour fêter cet anniversaire, le musée Fabre et le musée Atger mettent en commun, dans une exposition sur deux sites, leurs fonds d’art graphique dédiés à l’étude et à la représentation du corps, proposant un dialogue entre art et anatomie.

Depuis la Renaissance, la représentation du corps ne se conçoit pas sans une solide connaissance scientifique de l’anatomie. Les artistes nourrissent leur pratique par l’étude du modèle vivant, mais aussi en assistant à des séances de dissection ou en consultant des traités scientifiques. Leurs dessins, à la fois artistiques et savants, font la richesse des collections du musée Atger comme du musée Fabre. Xavier Atger (1758-1833), donateur de sa collection à la faculté de médecine de 1813 à 1832, considérait le dessin artistique comme un appui incontestable à l’apprentissage des étudiants. Ce sont ces affinités entre art et anatomie que l’exposition du musée Atger et du musée Fabre propose de découvrir.

Le livret de l’exposition Art et anatomie
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Le rendez-vous des plasticiens : Art et anatomie
Dans le cadre de l’exposition Art et Anatomie, les ateliers du musée Fabre vous propose un rendez-vous des plasticiens consacré à l’histoire de la représentation de la silhouette et des organes qui constituent le corps humain.
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Le rendez-vous des plasticiens : Behind the scène
Animer un atelier fanzine. Cet été le musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole propose à plusieurs associations de quartier de créer avec leurs publics un fanzine autour d’un scénario fictif : certains personnages de nos œuvres, découvrant un musée privé de ses visiteurs, ont la capacité de se déplacer pour rencontrer d’autres personnages. Devenez à votre tour l’un d’entre eux, imaginez et créez votre histoire !
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« Lorsqu’on peint des êtres animés, il faut d’abord en esprit placer au-dessous les os parce que, ne pliant pas du tout, ils occupent toujours un emplacement fixe. Il faut ensuite que les nerfs et les muscles soient attachés à leurs places ; il faut enfin montrer les os revêtus de chair et de peau. »

(De la peinture, 1435)

Voici une, parmi tant d’autres, citations que l’on peut extraires des écrits visionnaires de Léon Battista Alberti (Gênes, 1404 – Rome, 1474), parfait humaniste, pratiquant plusieurs sciences et arts, capable d’écrire en latin comme en langue vulgaire et qui, notamment, a su établir les lois de la perspective, révolutionnant ainsi et durablement tous les arts.

La citation ici choisie fait écho à la relation entre les arts et les sciences, explicitant combien d’une part, la capacité d’imaginer et de projeter est fondamentale dans l’exercice de l’art ; d’autre part combien, pour comprendre la surface de l’être humain, il faut en maîtriser l’intérieur. Ainsi la perfection de l’Homme, qui devient alors l’expression et le symbole de la perfection de l’univers, peut être approchée.

C’est dans la conquête transgressive du corps vivant en ouvrant celui du défunt que se retrouvent les plus grands artistes de la Renaissance et les plus grands médecins : Vinci, Michel-Ange, Raphaël mais aussi Vésale, placent alors l’anatomie au cœur de leurs pratiques, les uns pour mieux représenter la beauté de la vie, les autres pour la préserver, tous conscients de son caractère d’exception.  

Médecine et art, même combat !

Savants et artistes n’ont cessé de manifester pour le corps humain une curiosité évidente, qu’ils vont exprimer notamment dans la pratique de l’anatomie à partir de la Renaissance. Balbutiante sous l’Antiquité, délaissée au Moyen-âge, cette discipline progresse notablement au XIVe siècle, tandis que les premières écoles de médecine, celles de Bologne et de Montpellier, obtiennent de l’Eglise des autorisations pour autopsier les cadavres de condamnés. Portés par un regain d’intérêt pour les savoirs antiques, les plus grands maîtres, artistes comme médecins, renouent avec la pratique de la dissection, dans le même désir de rendre l’être humain visible dans toutes ses composantes, et élargir cette nouvelle approche du vivant à l’ensemble de l’univers.

Ecorché dit « Le Bêcheur », 1858
Alphonse Lami
Carton plâtre polychrome
Montpellier, Université de Montpellier, Faculté de médecine
UM.ANAT.264. Classée au titre des monuments historiques le 4/10/2004

Cet écorché dit « Le Bêcheur » est une statue en carton-plâtre exécutée par le sculpteur Alphonse Lami, qui a été présentée au Salon de peinture et de sculpture de 1857, sous le numéro « 2958 » et le titre « Ecorché, ou Myologie superficielle du corps humain, dans l’attitude d’un bêcheur ». L’artiste qui a suivi une formation académique à l’école des beaux-arts de Paris réalise ici une représentation du corps humain qui répond plus aux critères de l’anatomie artistique que scientifique. Il choisit d’exposer l’enveloppe musculaire du corps plutôt que sa composition organique. La posture remarquable de cet écorché fait également écho à une des figures iconiques du Traité de Vésale, dont les nombreuses réinterprétations ont également inspiré à Charles Baudelaire le poème Le Squelette laboureur (Les Fleurs du Mal, 1857).

Leçon d’anatomie à l’usage des artistes, 1873
Numa Boucoiran
Huile sur toile
Montpellier, Université de Montpellier, Faculté de médecine
UM.MOBI.165. Classée au titre des monuments historiques le 21/04/2008

Numa Boucoiran fut assistant à Rome de Xavier Sigalon, peintre romantique natif d’Uzès, pour la réalisation d’une copie des fresques de Michel Ange à la chapelle Sixtine. Amateur de peinture d’histoire, il débuta au Salon en 1831 et devint conservateur du musée de Nîmes en 1839. Nommé directeur de l’école de dessin locale, il reçut de nombreuses commandes de décors pour des édifices publics et des églises du Gard. Il fit également de nombreux portraits. Il illustre ici, dans une mise en scène mêlant joyeusement histoire et imagination, le rôle central des savoirs anatomiques pour les maîtres de la Renaissance, en représentant Michel-Ange et Raphaël, connus pour leur intérêt pour la dissection, en train d’observer un cadavre. Ce tableau s’inspire d’un thème iconographique constant depuis Vésale, celui de la leçon d’anatomie, dans lequel s’est illustré en particulier et à plusieurs reprises le peintre hollandais Rembrandt.

André Vésale

Né au sein d’une famille de médecins, l’humaniste André Vésale est considéré par de nombreux historiens des sciences comme le plus grand anatomiste de la Renaissance et le fondateur de l’anatomie moderne. Après avoir étudié la médecine à Louvain, Paris, Montpellier (?) et Padoue où il est nommé professeur d’anatomie à 23 ans, André Vésale devient le médecin personnel de l’empereur Charles Quint.

André Vésale rédige en latin De humani corporis fabrica libri septemLa Fabrique du Corps Humain − qu’il fait publier en 1543 à Bâle, alors capitale de l’édition scientifique. Il y corrige les erreurs les plus flagrantes de son prédécesseur lointain Galien, comprenant notamment que ce dernier décrivait l’anatomie du singe et non celle de l’homme. Considérée comme l’un des ouvrages les plus novateurs sur l’anatomie humaine, la seconde édition, révisée et parue en 1555, fera autorité jusqu’au XVIIIe siècle.

  • De humani corporis fabrica libri septem, 1555
    André Vésale
    Ouvrage
    Montpellier, Université de Montpellier, Bibliothèque universitaire historique de médecine
    Inv. Eb 87 in-fol

277 bois gravés par Van Calcar sous les instructions d’André Vésale illustrent cet ouvrage en plus des lettrines décoratives qui mettent en scène des dissections, des interventions chirurgicales, voire les difficultés à se procurer un cadavre. Enfin le frontispice de La Fabrique décrit l’amphithéâtre d’anatomie de Padoue dans lequel André Vésale a pratiqué en public la dissection d’après cadavre − ici celui d’une femme −, dans l’objectif de replacer l’anatomie au cœur de la médecine.

En 1857, dans Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire publie Le squelette laboureur inspiré par la découverte des planches de Vésale.

Adriaan Van de Spiegel

Après des études en philosophie et en médecine à Louvain et Padoue où il a suivi des leçons d’anatomie, Adriaan Van de Spiegel est devenu docteur dans le domaine de la médecine en 1604, puis il a enseigné l’anatomie et la chirurgie en 1617 dans cette ville. Ce savant a étudié le système nerveux et circulatoire de l’homme selon les travaux d’Hippocrate et de Galien, qu’il a complétés avec ses observations sur les différents types de fièvre dans l’ouvrage De semitertiana en 1624. Adriaan Van de Spiegel a également publié, en 1627, à titre posthume, un ouvrage important nommé De humani corporis fabrica libri X tabulis aere incisis exornati en référence au titre de l’œuvre d’André Vésale : il en reproduit plusieurs planches et procède à une mise à jour des savoirs anatomiques.

  • Adriani Spigelii Bruxellensis... Anatomica, operum omnium. T. I-II Date : Amsterdami, apud Johannem Blaev, 1645
    Adriaan Van de Spiegel
    Ouvrage
    Montpellier, Université de Montpellier, Bibliothèque universitaire historique de médecine
    Inv. Eb 85 bis in-fol

Bernhard Siegfried Albinus

Médecin et anatomiste allemand, Bernhard Siegfried Albinus a enseigné l’anatomie à partir de 1721 à l’université de Leyde, puis il est devenu professeur en médecine en 1745.

Tabulae sceleti et musculorum corporis humani se distingue par sa grande précision, le médecin a pris le soin de faire dessiner son modèle disséqué dans un format grandeur nature avant sa mise à l’échelle à des fins éditoriales. Certaines des planches, gravées par Jan Wandelaar, qui composent ce traité sont reproduites de la grande Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, illustrant l’article « Anatomie ».

  • Tabulae sceleti et musculorum corporis humani, 1747
    Bernhard Siegfried Albinus
    Ouvrage
    Montpellier, Université de Montpellier, Bibliothèque universitaire historique de médecine
    Inv. K 18 ter

Jan Wandelaar renouvelle le genre dans certaines planches où il présente l’écorché sur fond de nature et, plus exotique encore, devant un spectaculaire rhinocéros. Il faisait écho à un fait réel de cette l’époque : un animal de cette espèce, inconnue alors en Europe, avait après sa capture été ramené en Hollande puis, affublé du prénom de Clara, promené à travers l’Europe pour y faire sensation. En juxtaposant ces divers univers, le graveur synthétise l’esprit de curiosité et le désir de cataloguer la nature qui dominent le XVIIIe siècle.

Ludovico Cardi

L’album Anatomia di mano del Cigoli réunit dans un album des dessins de différents formats, exécutés à la sanguine, au crayon noir et à l’encre, par Ludovico Cardi dit Il Cigoli. Il faisait partie de la bibliothèque de François-Xavier Fabre, amateur également de sa peinture, comme en témoignent plusieurs tableaux au musée.

  • Anatomia di mano del Cigoli, XVIe siècle
    Ludovico Cardi dit Il Cigoli
    Ouvrage
    Montpellier, Médiathèque centrale Emile Zola-Montpellier Méditerranée Métropole
    Inv. 721RES

Les dessins de ce recueil peuvent être contemporains de la collaboration entre Ludovico Cardi et Théodore Turquet de Mayerne, médecin et chimiste suisse, dont l’artiste a représenté certains résultats de dissections pratiquées à l’hôpital Santa Maria Nuova à Florence. L’observation scientifique y est à la fois précise et expressive, témoignant d’une recherche artistique. Un dessin double représentant un corps vu de dos, ainsi qu’une étude de tête, rappellent la sculpture d’un écorché en cire (aujourd’hui disparu, et connu par sa version en bronze, Lo Scorticato, conservé au musée du Bargello, à Florence) qui a longtemps servi de modèle pour les cours de dessin anatomique des enseignements artistiques.

Jacques Fabien Gautier d’Agoty

Peintre et graveur d’anatomie français, Jacques Fabien Gautier d’Agoty est connu pour avoir amélioré le procédé de la gravure en couleur (la trichromie) mis au point en 1710 par Le Blon, dont il a été l’élève. L’artiste a ajouté une quatrième plaque en noir et souligné ainsi les traits principaux du modèle et les ombres des dessins anatomiques. En 1745, Jacques Fabien Gautier d’Agoty obtient l’exclusivité du procédé par privilège du roi, ce dernier tenant à conserver le secret de ce mode d’impression en France. Il publia une série d’ouvrages en reprenant ce procédé innovant qui est à l’origine de la quadrichromie actuelle en CMJN.

Les estampes en couleur de D’Agoty ont fait date et ont connu un long succès chez les artistes, notamment les surréalistes.

Les premières académies de dessin ouvrent en Italie dès le milieu du XVIe siècle, en 1563 à Florence, en 1582 à Bologne, berceau du retour aux pratiques de l’anatomie et aux formes antiques dans l’école créée par Annibal, Agostino et Lodovico Carracci. Les artistes alors pratiquent assidûment le dessin pour traduire au plus juste la synthèse de leurs savoirs intellectuels et de leurs observations sur le corps humain. L’exercice du dessin devient un enjeu fondamental dans les apprentissages artistiques dont les académies structurent et diversifient peu à peu les enseignements. Ces dessins servent à la mise en place technique des corps sous divers angles et situations, études du volume des muscles et du modelé des chairs qui annoncent les postures académiques progressivement mises en place au siècle suivant.  

  • Académie : homme nu, 2e moitié du 16e siècle
    Bartolomeo SCHEDONI (Attribué à)
    Sanguine
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 397, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Amphinomus sauvant son père
    Annibale CARRACCI
    Pierre noire
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 399, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Homme nu, assis, de face, 1re moitié du 17e siècle
    Le Dominiquin
    Sanguine
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 416, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913

 

Ces dessins témoignent, par-delà leurs différences d’un désir partagé de représenter le corps humain particulièrement dans des situations qui en exaltent les tensions. Baccio Bandinelli, sculpteur contemporain de Michel-Ange dont il se voulait l’égal, organise dans le cadre d’une frise antique la lutte que livrent des captifs littéralement au corps à corps avec des putti qui tentent de les retenir. Raymond Lafage, dessinateur et graveur dont la courte existence et le refus de travailler la peinture ont limité le succès, a néanmoins marqué ses contemporains par la vivacité de son trait. Il réussit dans des compositions pleines de fougue, comme ces scènes de bataille, à mettre en scène le mouvement et l’énergie des nombreux combattants à travers le dessin nerveux de leurs corps musculeux.

 

  • Combat entre grecs et troyens, 2e moitié du 17e siècle
    Raymond LAFAGE
    Encre noire et lavis
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 258, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Groupe de figures nues, 2e moitié du 16e siècle
    Baccio BANDINELLI
    Encre brune
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
  • Combat entre grecs et troyens, 2e moitié du 17e siècle
    Encre noire et lavis Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger Inv. MA 259, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913

Michel-Ange par Georgio Vasari

Georgio Vasari (Arezzo, 1511- Florence, 1574), peintre et architecte toscan, a produit en 1568, un recueil biographique, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, qui fait partie des ouvrages fondamentaux de l’histoire de l’art. A propos de Michel-Ange, il écrit :

« Il [Michel-Ange] se livra avec passions à l’étude de l’anatomie, pour connaître à fond les raisons de la configuration des muscles, des tendons, de leurs rapports avec l’ossature, et des fonctions de chacun pour opérer les différents mouvements du corps humain. Il fit les mêmes recherches sur l’organisation des divers animaux, et surtout les chevaux […] S’il avait eu quelqu’un qui aurait été capable de l’aider, malgré son grand âge, il aurait encore fait de nombreuses dissections anatomiques et aurait écrit un livre à l’usage des artistes »

Les peintres de portraits ou de scènes religieuses ou mythologiques impliquant la mise en scène de plusieurs personnages, accordent souvent un soin tout particulier au dessin de certains détails, par exemple ceux des extrémités telles les mains ou les pieds, ou ceux de certaines attitudes de leurs figures dont ils préfèrent vérifier la correction afin de les replacer ensuite dans une esquisse plus complète. Rendre une physionomie humaine implique de maîtriser parfaitement les fragments anatomiques où la manifestation de la chair, et de la vie, devient la plus complexe, la plus expressive aussi, l’attitude d’une main par exemple pouvant donner une intonation toute particulière au tableau final. Ils savent combien la justesse et la vraisemblance avec laquelle ils rendront les détails d’une figure humaine plaideront pour la beauté et l’harmonie du tout.

  • Etudes de mains, l’une entourant la tête d’une statue, 1re moitié du 17e siècle
    Philippe De Champaigne (Bruxelles, 1602 – Paris, 1674)
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 90 et 91, classés au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Etudes de main (5) et de pied, 1re moitié du 17e siècle
    Sanguine et rehauts de blanc
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 90, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913

Simon Vouet

Après s’être formé et assuré une renommée certaine en Italie à travers les décors des églises de Rome, avec une virtuosité qui rappelle celle du Caravage, Simon Vouet est rappelé en France par Louis XIII et devient Premier peintre du roi en 1627. Il s’impose rapidement comme le grand décorateur de l’époque, et les commandes affluent aussi bien de la cour, de l’Eglise, que des grands du Royaume. Confirmant la grande capacité d’invention de l’artiste sur un sujet qu’il a, seul ou avec ses collaborateurs, représenté à plusieurs reprises, ces deux études préparatoires montrent tout à la fois la connaissance anatomique que devait maîtriser l’artiste, ajoutée à celle de la beauté antique remise au goût du jour depuis la Renaissance, afin d’exprimer la douleur humaine dans un corps parfait, à l’image d’un Dieu incarné.

  • Etude pour un Christ en croix vu de face, 1633-1638
    Simon Vouet
    Pierre noire et rehaut de blanc
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 232, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Etude pour un Christ en croix vu de trois-quarts à droite, 1re moitié du 17e siècle
    Simon Vouet
    Pierre noire et rehauts de craie blanche
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 233, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913

Edmé Bouchardon

Prix de Rome en 1722, sculpteur du roi dont la statue équestre de Louis XV est restée fameuse, Edmé Bouchardon s’est également fait connaître pour le souci extrême qu’il accordait aux dessins préparatoires, les études anatomiques comme celles d’après le modèle vivant, pour l’homme comme pour le cheval, l’anatomie de ce dernier étant au moins si ce n’est plus complexe que celle de l’homme.

  • Académie : homme assis, de profil, 1re moitié du 18e siècle
    Edmé BOUCHARDON
    Sanguine
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 308, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Femme allongée s’appuyant sur une urne, 1re moitié du 18e siècle
    Sanguine
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 311, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Homme nu renversé, 2e moitié du 17e siècle
    Pierre LEGROS
    Pierre noire et rehauts de craie banche
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 120, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Homme nu de face, accoudé, un genou en terre, 1738
    Louis Gabriel BLANCHET
    Sanguine
    • Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 138, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913

Géricault et Delacroix sauront suivre son exemple un siècle plus tard, dans cette recherche de rendu du sentiment de la chair. S’appuyant sur les modèles iconographiques italiens précédents, il a également participé à la mise en œuvre de L’Anatomie nécessaire pour l’exécution du dessein, traité d’anatomie à l’intention des artistes.

Charles Natoire

Membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture, Charles Natoire fut pour ses contemporains l’un des plus grands artistes français du XVIIIe siècle. Reçu académicien en 1734, il travaille essentiellement à l’exécution de grands décors, soit pour les églises, soit pour le roi. Devenu en 1751 directeur de l’Académie de France à Rome, il consacre une partie de son temps à ses obligations pédagogiques. Le collectionneur Xavier Atger le reconnaissait au premier plan dans le personnage assis en train de prodiguer des conseils à ses disciples. Dans cette évocation de ce qui semble être la salle de dessin de l’Académie royale à Rome, le peintre a choisi de présenter une leçon de dessin d’après le modèle vivant. On reconnaît également parmi les modèles d’après l’Antique proposés aux élèves, l’Hercule Farnèse, la Vénus Médicis, ou encore le Gladiateur Borghèse.

Le Grand écorché

Le grand écorché
Jean Antoine Houdon
Le grand écorché, XVIIIe siècle
Moulage en plâtre, 185 cm × 80 cm
806.32
Musée Fabre

Le dessin anatomique devient dès lors un exercice essentiel dans les enseignements académiques et la diffusion, grâce à l’essor de l’imprimerie, des gravures illustrant les traités anatomiques les plus fameux, comme celui du médecin belge André Vésale, surnommé le père de l’anatomie moderne, ne cessent de nourrir la fascination, mais aussi l’effroi, des hommes face à l’inépuisable étrangeté de leur corps ainsi révélé. Les cours d’anatomie connaissent, jusqu’au XIXe siècle, des supports qui peuvent varier, dispensés dans les amphithéâtres de médecine ou les écoles de dessin, d’après le cadavre ou d’après des modèles d’écorchés conçus par des artistes, tel celui de Houdon, qui connaît un succès européen. La finalité demeure la même : participer, à côté des modèles antiques et des modèles vivants, à la représentation de la beauté dont l’homme demeure exemplaire, entre idéal et réalité.

Ce Grand écorché a été proposé par l’artiste lui-même vers 1778-1779, alors que la Société des Beaux Arts de Montpellier s’organisait et plaçait au cœur de ses principe la création d’une école de dessin. François-Xavier Fabre, qui a été parmi les premiers à fréquenter cette école avec la bienveillance de son père, a pu étudier devant cet écorché.

Grand portraitiste des Lumières, sculpteur des visages de l’Ancien régime jusqu’à l’Empire, Jean-Antoine Houdon s’est très tôt intéressé à la constitution anatomique des corps. Il a exécuté plusieurs Ecorchés : le premier, réalisé à Rome en 1766-1767, est une étude préparatoire à la sculpture d’un Saint-Jean Baptiste, et fait immédiatement figure de prouesse artistique ; deux autres versions suivent, dont celle, réalisée à partir de 1776, conservée au musée Fabre. L’artiste ayant pleinement conscience d’avoir fait œuvre raisonnée, c’est à dire dans des proportions à la fois justes et harmonieuses, souhaite alors en faire profiter les études artistiques

L’atelier des élèves de David, 1814
Charles Paulin François MATET
Copie d’après Cochereau
Huile sur toile
Musée Fabre, Inv. 19.1.1

François-Xavier Fabre

Cette remarquable académie fait partie du fonds Atger, le musée Fabre pour sa part en possède un certain nombre, dont une douzaine solidement attribuée à la main de l’artiste. Les deux collectionneurs se connaissaient et fréquentaient vraisemblablement les mêmes cercles même si l’on connaît peu de choses sur la vie sociale de Xavier Atger.

Ce dessin lui a été donné non par Fabre mais par un architecte local qui devait le connaître.

Les cours de dessin anatomique s’imposent au cœur de la formation académique artistique, dès le XVIe siècle en Italie après le retour de la pratique des dissections qui réunit médecins et artistes, et au XVIIe siècle en France dans le cadre notamment de la création de l’Académie royale de peinture et de sculpture qui structure les enseignements artistiques.

  • Homme nu, assis, tenant un bâton, 17e siècle
    Charles LEBRUN
    Sanguine
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 133, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913
  • Académie d’homme assis, de profil, 2e moitié du 18e siècle
    Anton Raphael MENGS
    Pierre noire
    Montpellier, Université de Montpellier, musée Atger
    Inv. MA 477, classé au titre des Monuments Historiques le 25/01/1913

L’ensemble des savoirs au demeurant diversifiés convergent vers la représentation du corps humain dans laquelle il s’agit d’exceller si l’on prétend devenir artiste. Les élèves doivent d’abord se plier à un apprentissage long pour enfin accéder à l’exercice d’après le modèle vivant, essentiellement nu et masculin. Si les modèles adoptaient des postures souvent codifiées, ils pouvaient être poussés à poser au bord du déséquilibre pour mettre à l’épreuve la virtuosité des étudiants, dont on jugeait les progrès à travers l’exécution de ce type d’académies.

  • Académie homme nu appuyé sur genou droit, 2e moitié du 17e siècle
    Jean de Troy
    Sanguine, Inv. MA 188
  • Académie : homme debout s’appuyant sur un bâton, 17e siècle
    Pier Franscesco MOLA
    Sanguine, Inv. MA 504
  • Homme debout, de dos, 1re moitié du 17e siècle
    Eustache LESUEUR
    Sanguine
    Inv. MA 127
  • Homme nu, assis de face, 2e moitié du 17e siècle
    Jean de Troy
    Sanguine, Inv. MA 189
  • Académie d’homme assis, de face, se tenant le pied gauche, 17e siècle
    Charles Natoire
    Pierre noire et rehauts de blanc, , Inv. MA 23
  • Homme nu assis levant le bras gauche, 18e siècle
    Charles Natoire
    Sanguine et rehauts de blanc , Inv. MA 65
  • Académie d’homme de face, bras levés, 1re moitié du 18e siècle
    Daniel Sarrabat (Paris, 1666 – Lyon, 1748)
    Pierre noire, Inv. MA 253
  • Homme nu, assis, bras levés, 2e moitié du 17e siècle
    Pierre Puget
    Sanguine et réhauts de blanc, Inv. MA 141
  • Académie d’homme assis, de face, 2e moitié du 18e siècle
    Anton Raphael Mengs
    Pierre noire, Inv. MA 478
  • Académie d’homme vu de dos, 18e siècle
    Charles Natoire
    Sanguine et rehauts de craie blanche,, Inv. MA 19