Cette image représente un portrait d'un homme au visage doux et à l'allure élégante. Il est vêtu d'une tunique de couleur sombre et porte des manches blanches volumineuses, typiques de la mode du XVIIe siècle. Ses cheveux sont longs et bouclés, retombant sur ses épaules. L'homme semble confiant, assis de manière décontractée, avec une posture qui dégage une certaine noblesse. L'arrière-plan est flou, ce qui met l'accent sur son visage et sa tenue. L'éclairage est doux, ajoutant une atmosphère chaleureuse au tableau.

Sébastien Bourdon Montpellier, 1616 - Paris, 1671

L’Homme aux rubans noirs

Vers  1657 - 1658

Huile sur toile 108 cm × 89 cm
Commentaire de l’audioguide (1min45s) :

Chef-d’œuvre du portrait français du XVIIe siècle, le tableau s’est imposé au fil du temps comme l’un des emblèmes forts du musée. Auréolé du prestige de peintre de cour, académicien, Bourdon se rend en 1657 à Montpellier avec l’idée d’y fonder une académie. Il travaille pour le chapitre de la cathédrale (Chute de Simon le Magicien, toujours en place) et pour les consuls de la ville (portrait collectif et portraits individuels, perdus), attisant les jalousies locales.

Le tableau trouvé dans le Midi par Fabre et brillamment acquis en 1836, un an avant de mourir, se rattache indubitablement à la production de cette période (1657-1658) sans que l’on puisse identifier avec assurance le modèle. Au XIXe siècle, on le désignait comme portrait d’un Espagnol et même de Molière lui-même, présent en Languedoc dans ces mêmes années.

Bourdon s’en tient ici à la formule du portrait élitiste hérité du Flamand Van Dyck (1599-1641) et campe son personnage avec aisance et sobriété : situé vaguement dans un décor d’extérieur, les bras et les mains calés par une discrète architecture classique, il pose sur le spectateur un regard pénétrant, un rien désabusé. Le teint olivâtre du visage, « les larges yeux noirs, plein d’une lumineuse douceur » (A. Baluffe), la bouche sensuelle, les mèches folâtres de la chevelure, les mains nerveuses, la mise soignée bien caractéristique du temps avec le bouillonnement d’étoffes s’échappant des crevés composent un personnage romantique au charme obsédant, à mi-chemin de l’homme d’action et du savant.

Rarement le pinceau de Bourdon n’a été aussi assuré et varié, passant d’une pâte fluide et légère à un modelé plus ferme et onctueux, tout en se cantonnant à une palette restreinte de bruns, de blancs lumineux et de noirs profonds. Ce tableau admirablement préservé nous permet d’évoquer l’art de portraitiste de Bourdon, renommé en son temps au même titre que ses contemporains Champaigne (1602-1674), Le Sueur (1616-1655) ou Le Brun (1619-1690).

EN (1min51s) :
IT (1min50s) :
836.2.1
Musée Fabre
Achat de la Ville, 1836
propriété de la Ville de Montpellier