« Die Statt Montpellier mit ihrer Gelegenheit », gravure tirée de la Cosmographia Universalis de Sebastian Münster (1544), AMM, 3 Fi 17.
En 1544, l’humaniste Sebastian Münster publie à Bâle la première édition de la Cosmographia Universalis, ouvrage encyclopédique de géographie en langue allemande comprenant plus de 500 gravures de villes d’Europe et du monde connu. Parmi elles, une vue de Montpellier montre précisément la configuration de la cité médiévale avec ses églises, ses remparts et ses faubourgs avant les guerres de Religion et les destructions qui s’en suivirent. La ville, représentée depuis le sud (route de Toulouse), est difficilement reconnaissable aujourd’hui. Les détails de la gravure permettent d’avoir une idée de l’allure générale des bâtiments (églises, couvents, collèges, hôpitaux, etc.) qui vont disparaître entre 1562 et 1622.
« Die Statt Montpellier mit ihrer Gelegenheit », gravure tirée de la Cosmographia Universalis de Sebastian Münster (1544), AMM, 3 Fi 17.
Dominant la ville de son clocher, l’église Notre-Dame-des-Tables (A) était le cœur du Montpellier médiéval. Elle s’élevait à l’emplacement de l’actuelle place Jean-Jaurès. Elle doit son nom aux tables de changeurs installées tout autour. Ce sanctuaire de pèlerinage abritait une vierge noire qui attirait de nombreux pèlerins. Il était entouré des principaux édifices civils de la ville : la maison consulaire, la tour de l’horloge (B) et la loge des marchands. Il n’en subsiste que quelques vestiges dans le soubassement de la place
Sur le sommet de la colline du Peyrou, à l’emplacement de l’actuelle place royale, s’élevait le couvent des Mercédaires (F), fondé par le roi Jacques Ier d’Aragon vers 1240, et dominé par la tour Sainte-Aularie. Le souvenir de ce monastère est gardé aujourd’hui par le lycée de la Merci et l’église Sainte-Eulalie. En contrebas de la colline, était situé le quartier universitaire : les écoles de grammaire (au nord) et les écoles de droit (au sud).
À l’extrémité est de la ville, Saint-Denis (CC) était l’une des plus anciennes églises de Montpellier. Elle se situait au sommet de la colline de Montpelliéret, à l’emplacement des actuels lycée et parking Joffre. C’était le siège de la paroisse de Montpelliéret et possédait son propre cimetière. L’église Saint-Denis a été rebâtie à la fin du XVIIe siècle au croisement de l’avenue Georges-Clemenceau et de la rue Rondelet.
La ville médiévale était ceinte de remparts crénelés, bâtis au début du XIIIe siècle, à la forme caractéristique d’écusson. Cette muraille porte à Montpellier le nom singulier de Commune Clôture. Elle était ouverte de dix portes, dont la porte Saint-Guilhem ouvrant sur le chemin de Lodève. Elle était bordée de fossés secs, aménagés en jardins privatifs ou terrains de jeu. La Commune Clôture n’a été détruite qu’à la toute fin du XVIIIe siècle. Il n’en subsiste que la tour de la Babote et la tour des Pins.
La ville a très vite débordé de ses murailles, au point de construire une nouvelle enceinte au milieu du XIVe siècle, appelée Palissade. Cette Palissade courait de porte en porte, le long de l’actuel Cours Gambetta. Les faubourgs, moins densément urbanisés, abritaient des hôpitaux et des institutions pieuses. La rue du faubourg de la Saunerie, par exemple, était bordée par l’église Saint-Thomas (Q) et l’hôpital Saint-Sauveur (S).
Hors la Palissade, on trouvait encore les quatre couvents des Dominicains, des Franciscains, des Carmes et des Augustins (ordres mendiants), élevés au début du XIIIe siècle de chaque côté de la ville. Celui des Dominicains ou Frères Prêcheurs (G) était le plus somptueux. Il longeait la rue Saint-Louis et l’avenue de Lodève. Il comprenait une immense église conventuelle et trois cloîtres. Un vaste parvis accueillait les prêches passionnés des frères dominicains.
En arrière-plan, on distingue les tours gothiques de la cathédrale Saint-Pierre, coiffées de pinacles, aisément reconnaissables à leur allure. C’est le seul bâtiment représenté sur la gravure encore debout aujourd’hui, preuve s’il en est de la fidélité du dessin. Cette église conventuelle du XIVe siècle devint en 1536 cathédrale, à la faveur du transfert de l’évêché de Maguelone à Montpellier.