L'image représente un dessin en noir et blanc, probablement réalisé à l'encre, d'un homme barbu avec une posture expressive. Il semble penché en avant, comme s'il interagissait avec quelque chose en dehors du cadre. Les contours sont détaillés, mettant en valeur les muscles et les plis de ses vêtements. En dessous de cette figure principale, on trouve un croquis supplémentaire, peut-être d'un visage, accompagné de notes manuscrites. L'ensemble dégage une impression de mouvement et de concentration, typique des études artistiques de la Renaissance.

Raffaello Sanzio dit Raphaël Urbino, 1483 - Rome, 1520

Buste d’homme penché en avant, manuscrit d’un sonnet

Vers 1508 - 1509

Plume, encre brune, sur premier tracé à la pointe de plomb, traits de stylet, pierre noire pour le croquis 39 cm × 25 cm

Cette admirable étude, donnée par François-Xavier Fabre au musée en 1825 se rattache à un des décors le plus célèbres de la haute Renaissance à Rome : La dispute du saint Sacrement, première fresque exécutée par Raphaël dans la Chambre de la signature (1508-1511). L’Eglise Triomphante et l’Eglise Militante contemplent le mystère de l’Eucharistie, miracle par excellence, lien entre ciel et terre. Dans la partie basse qui correspond à « l’étage » terrestre seuls quelques personnages peuvent être identifiés : Fra Angelico, en habit de dominicain, Bramante appuyé sur la balustrade, Saint Grégoire le Grand sous les traits de Jules II, Saint Jérôme, Saint Augustin, Saint Thomas d’Aquin, le pape Innocent III et Saint Bonaventure, le poète Dante et le prédicateur Savonarole.

Une quarantaine d’études sont conservées pour la Dispute qui montre le long processus de décantation qui aboutira à l’architecture finale, majestueuse et concise, manifestation visible de la civitas dei, en présence des fondateurs divins et humains de l’Eglise. Notre étude se rattache à la figure d’homme s’appuyant sur le parapet, au premier plan à droite de la composition. Il s’agit d’un homme jeune qui n’a pu être identifié avec aucun personnage précis mais que l’on désigne parfois comme « le sectaire ».

À l’aide d’un trait de plume vigoureux l’artiste a observé son modèle au visage caractérisé, les cheveux repris dans une sorte de turban. L’attitude traduit bien l’intensité psychologique du personnage qui tente de se projeter avec ferveur en avant de la scène afin de ne rien perdre de l’évènement sacré dont il est le témoin.

L’étude au verso de la feuille propose une variante dans la position de la main droite ; peu en accord avec le raccourci du buste et de la tête, elle devait suggérer un geste lié à la figure voisine (Denys l’Aréopagite) mais n’a pas été retenue. La draperie qui accentue le caractère spontané de l’étude sera également écartée.

Ces études puissantes et énergiques, laissent transparaître l’influence de Michel-Ange qui travaillait au même moment à la voûte de la chapelle Sixtine.

Le poème en italien reflète les idéaux platoniciens en vogue à la cour de Jules II

« Oh, labeurs, et vous nobles tribulations,
réveillez la pensée amollie dans l’oisiveté !
Montrez-lui cette colline élevée afin
Qu’elle la gravisse de haut en bas, pour accéder aux sièges les plus sublimes. »
825.1.275
Musée Fabre
Don François-Xavier Fabre, 1825
propriété de la Ville de Montpellier