Jacques Louis dit Alfred Bruyas naît à Montpellier le 15 août 1821. Fils de Jacques, agent de change et associé à la banque Tissié Sarrus située rue du Grand Saint Jean, et de Louise Deidier, il est le dernier né d’une famille de trois enfants après Louis Clarisse et Julien Jules.
Il fait des études secondaires chez les Dominicains de Sorèze, puis s’initie à la peinture chez Charles Matet, professeur à l’École des Beaux-Arts et conservateur du musée Fabre. Marqué par la perte de son frère en 1837 et par un catholicisme propre à Montpellier où l’influence janséniste et protestante est encore vivace, c’est un esprit solitaire convaincu d’un nécessaire passage par l’incompréhension, la souffrance, l’enfer.
En 1846, acte décisif, il part pour l’Italie et inaugure sa vie de collectionneur. Il est encouragé dans sa passion par ses amis, de riches originaux : Louis Tissé qui a son âge, le père de celui-ci André TissiéSarrus, peintre et banquier, Emile Ney, riche propriétaire qui affiche des idées républicaines en bravant la société de l’époque et qui montre l’exemple d’une vie célibataire, tumultueuse et joyeuse. Mais Bruyas se heurte à l’incompréhension de sa famille dont il dépend financièrement et dont il dilapide la fortune.
À ses tourments physiques, rhumatismes et tuberculose, Bruyas ajoute des conflits intérieurs : entre une éducation rigoureuse dont il est prisonnier et l’espoir d’une liberté nouvelle, une richesse de cœur et d’esprit qu’il trouve chez ses amis peintres ; entre une condition de bourgeois décidé à profiter de sa fortune et le rêve « d’une ère nouvelle où tout se lie enfin, riches et pauvres, heureux ou malheureux ».